* Interview du Dr Souad Sfar, doyenne de la faculté de pharmacie à Monastir La formation des pharmaciens a fait l'objet d'une rencontre maghrébine récemment. Un sujet d'actualité en Tunisie. En effet, suite à l'application du système d'assurance-maladie ainsi que les problèmes qui se posent par rapport à l'intégration des diplômés dans le marché de l'emploi, le secteur enregistrera un changement au niveau de la formation universitaire. Il sera en fait développé davantage comme il enregistrera la création d'une nouvelle unité de formation au sein de la faculté, c'est ce que nous apprend Pr Souad Sfar, Doyenne de la faculté de pharmacie à Monastir dans cette interview. La doyenne parle également de la formation à distance qui sera développée d'ici quatre ans pour atteindre les 30 % alors qu'elle se situe actuellement à 2% seulement. Interview Le Temps : Les spécialistes parlent de la formation des pharmaciens, est-ce que cela voudrait dire que le secteur souffre de plusieurs lacunes ? Dr Souad Sfar : Pas tout à fait, mais nous devons tenir compte de l'évolution des connaissances dans le domaine et de l'exercice du métier. Nous devons répondre à ce besoin à partir de l'université, en traçant le profil du pharmacien. En fait, le pharmacien est celui qui fournit le médicament. Toutefois, il doit collaborer avec l'équipe soignante, car il a toujours un avis à donner au niveau des médicaments et des conseils à recommander au patient. Par ailleurs, suite à l'application du système d'assurance maladie, le pharmacien aura un rôle très important à jouer. Nous parlons dans ce cadre de l'éducation thérapeutique du patient, des dossiers pharmaceutiques…d'où la nécessité de former notre pharmacien et le mettre au diapason afin de répondre à ces besoins. D'autres méthodes seront aussi appliquées pour mieux tracer le profil du patient dont, la carte vitale. Elle sera en fait établie pour permettre au pharmacien de mieux connaître le patient, le traitement qu'il suit depuis des années, les contre indications …En tant que faculté, nous devons adapter notre cursus de formation au profil du pharmacien d'aujourd'hui et celui de demain. Nous devons être avant-gardistes dans le domaine. Comment comptez-vous procéder ? Une nouvelle unité de recherche sera créée au sein de la faculté de pharmacie et ce dans le cadre du projet d'appui à la qualité (PAQ) initié par le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Nous avons présenté un projet qui a été accepté. Il s'agit de l'unité de la pharmacie expérimentale avec deux aspects : la pharmacie d'officine et la pharmacie hospitalière. C'est une unité d'étude où on va enseigner selon de nouvelles méthodes pédagogiques, entre autres par résolution de problèmes et simulation de situations réelles. L'étudiant jouera le rôle du pharmacien et inversement l'enseignant adoptera le rôle du patient. Une approche par résolution de problèmes sera aussi appliquée dans cette unité. C'est une méthode active. Notre objectif est d'avoir une formation de qualité qui puisse répondre aux standards internationaux. Autre problème qui se pose dans le secteur, l'embauche des diplômés. Le nombre des étudiants inscrits dans les filières de santé est de plus en plus important. Cependant, il faut assurer l'équilibre au niveau de l'encadrement, c'est-à-dire l'effectif des enseignants par rapport aux étudiants. Par ailleurs, la faculté est tenue à encadrer les nouveaux bacheliers et jouer son rôle pour accueillir les nouveaux bacheliers toujours en respectant la capacité d'accueil. C'est pour cette raison d'ailleurs que notre institution est appelée à se développer davantage, en créant de nouvelles unités, en rénovant ses équipements…C'est ainsi que nous pourrons satisfaire la demande et former un pharmacien de qualité. Je tiens à dire que nos diplômés sont d'une qualification internationale. Ils s'intègrent d'ailleurs très bien dans les universités françaises et canadiennes et donnent leurs preuves dans le domaine. Et l'université virtuelle ? Un des objectifs des établissements de l'enseignement supérieur en particulier le notre, est d'assurer 30 % de la formation à distance d'ici 2014, contre 2 % seulement actuellement. C'est un objectif ambitieux qui sera réalisé en collaboration avec l'université de Grenoble. La réforme de l'enseignement est donc une nécessité Un des points forts du pharmacien, est qu'il est polyvalent. Il pourra toujours répondre à plusieurs demandes, exercer à l'hôpital, se spécialiser dans la biologie…Il est le conseiller par excellence en matière de santé. Nous allons baser notre système sur des méthodes interactives pour permettre à l'étudiant de s'auto former et une fois diplômé il lui revient de continuer sa formation.