L'éducation nutritionnelle est plus que jamais à l'ordre du jour. L'Institut national de nutrition et de technologie et alimentaire est en effervescence depuis qu'il est question de s'attaquer sérieusement aux différents problèmes que pose, pour de nombreux citoyens, une alimentation anarchique et déséquilibrée. Débordant d'enthousiasme pour une question qui lui tient beaucoup à cœur, le directeur de l'Institut, le Professeur Zouheir Kallal, s'est résolu à mettre tout le paquet : des milliers d'affiches éducatives et de documents suggestifs sont actuellement sous presse pour être prochainement diffusées, dans le cadre d'une campagne de sensibilisation à grande échelle, un programme de conférences nutritionnelles à travers l'ensemble du pays a déjà démarré. Bref, tous les moyens de média seront mobilisés pour assurer à " l'offensive " le succès souhaité, c'est-à-dire : convaincre le citoyen de la nécessité de s'alimenter intelligemment, selon des normes scientifiques connues et reconnues. Fervent adepte de l'information de masse, dont il saisit tout l'impact, le Professeur Kallal se veut l'éducateur de tous les travailleurs. Répondant à l'appel de la Centrale Syndicale, il s'est adressé l'autre jour à l'Hôtel Amilcar à une assistance particulièrement nombreuse et intéressée, devant laquelle il a traité "des problèmes nutritionnels de l'ouvrier ". Vu l'intérêt que revêt la communication de M. Kallal et le retentissement qu'elle a eu auprès des ouvriers présents, il nous a semblé utile d'en savoir davantage. Nous avons contacté à cet effet M. Kallal, qui a bien voulu répondre à nos quelques questions, malgré ses nombreuses occupations. Q : Pourriez-vous nous résumer les grandes lignes de votre conférence ? R : Cette conférence a connu un succès certain, dans la mesure où les thèmes développés constituent les préoccupations de tous les travailleurs. Après avoir défini quelques notions de la nutrition et développé certains principes généraux relatifs à l'alimentation de l'individu " les notions nourrir et rassasier " et aux facteurs liés à certains mythes et tabous naturels et à notre écologie, j'ai développé les conditions de base d'une alimentation saine et complète et, à ce titre, j'ai explicité le contenu de ce fameux " trèfle ". Nous savons que ce Trèfle, contenu dans une affiche qui sera distribuée prochainement, représente une image simple et explicative des différents éléments devant entrer dans la composition de l'alimentation du citoyen. A première vue, l'on comprendrait par exemple qu'un œuf consommé équivaudrait à deux cents grammes de viandes, ou que " les pois-chiches remplaceraient n'importe quel aliment de croissance. Le Trèfle auquel vous faites allusion est le sujet de la première leçon que nous voudrions inculquer par le biais d'affiches murales. Il présente seulement l'aspect qualitatif de la nutrition, en indiquant la nécessité pour chaque citoyen de consommer chaque jour trois sortes d'aliments indispensables pour l'énergie, l'entretien et la croissance du corps humain. Nous nous proposons de faire d'autre affiches traitant de l'économie alimentaire et de la santé. Dans ma conférence, j'ai longuement parlé de l'économétrie alimentaire, expliquant qu'au sein de ces trois groupes d'aliments, il est possible de remplacer un aliment par un autre, sans que la propriété nutritive en soit altérée. J'ai expliqué, à cet effet, que l'éducation nutritionnelle permet à chacun de s'assurer une alimentation équilibrée avec les moyens de bord. Cette éducation ne s'adresse pas uniquement à ceux dont les moyens sont limités, mais également aux gens qui tombent dans l'excès d'une alimentation " sur calorique ", génératrice de maladies de surcharge. L'éducation nutritionnelle est donc un facteur de politique alimentaire très important dont votre institut compte être l'instrument ? La nutrition exige des moyens importants et des conditions de stabilité alimentaire lesquelles sont tributaires de plusieurs facteurs naturels et d'environnement. Le gouvernement a demandé à l'Institut d'élaborer " un minimum vital nutritionnel ", qui mettrait la Nation à l'abri des déficits et couvrir par la même les besoins selon l'activité de chacun. J'ai appelé cela le SMIG NUTRITIONNEL, dont la conception et l'impératif sont basés sur des considérations exclusivement scientifiques. Permettez-moi à cet égard de démentir de la façon la plus catégorique les propos qui m'ont été attribués par un journal de la place, qui s'est fait une interprétation erronée du sens que j'ai donné à ce SMIG. Ceci, je le répète, est une affaire scientifique. Il est en cours d'élaboration à l'institut et va tenir compte des besoins théoriques, des enquêtes alimentaires, etc... J'ai d'autre part insisté dans ma conférence sur la relation aliment-santé et sur la nécessité d'observer une protection et un contrôle continus de l'aliment sur le plan hygiénique. Tout le monde est concerné par cette question. Le Contrôle hygiénique des produits incombe à nous tous. On se doit de boycotter tout produit douteux et d'aider les autorités à faire respecter la réglementation.