Abdelmajid Lakhal, acteur et metteur en scène, animé d'une réelle passion pour la scène, continue malgré ses 70 berges, à déployer toute son énergie dans la création théâtrale. Il a choisi ce coup-ci le personnage historique de « Jugurtha » pour sa nouvelle pièce portant le même titre. La pièce a été présentée mardi dernièrement au Théâtre Municipal devant un petit nombre de spectateurs. Hélas, les amateurs du théâtre semblent ne plus apprécier ce genre de théâtre classique en arabe littéraire. Pourtant, ce « Jugurtha » ne manque pas d'intérêt. Il s'agit d'une incursion dans l'histoire de la Tunisie antique où le héros numide mythique est représenté comme le chef de guerre qui s'est opposé à Rome. Cependant, ses multiples différends avec son demi-frère, qui l'accuse d'accaparer à lui seul le pouvoir, vont précipiter sa chute. Abdelamajid Lakhal a voulu, avec cette pièce, rendre hommage à cette personnalité tutélaire ayant sacrifié sa vie pour le pays. Personnage emblématique Le texte signé par Ezzeddine Abassi respecte l'esprit de l'époque dont il est question. Quatre escales majeures : Jugurtha le mari bien aimé, Jugurtha le commandant, Jugurtha l'être humain et Jugurtha face à son combat contre ses cousins et ses ennemis. Les lumières et la musique de Brahim Bahloul viennent illustrer ces quatre escales, avec des effets de mise en scène mettant en perspective tantôt la narration à la manière shakespearienne, tantôt le jeu des comédiens : Abdellatif Khaïreddine, Hsouna Mejri, Haddad Bouallègue, Sadok Halwas, Yahia Feïdi, Nawfel Abdawi et Salem Laâbidi. Jugurtha, personnage emblématique dans l'histoire de la Tunisie, a joué un rôle considérable dans le rapprochement des tribus, leur apportant son soutien contre toute forme de persécution et de fanatisme et faisant de la dignité humaine, son point d'orgue. Sans oublier que Jugurtha a gagné les combats qui ont opposé son peuple à Rome grâce à sa puissante détermination et à sa volonté de fer. Ce « Jugurtha » a été monté dans le cadre de la célébration du Centenaire du Théâtre Tunisien, dans le dessein de rendre hommage aux professionnels du Quatrième art qui n'ont pas ménagé leurs efforts pour sa promotion. Malgré un texte qui tend vers une langue poétique : l'arabe littéraire, l'approche théâtrale adoptée par Abdelmajid Lakhal traduit une dualité à toute épreuve à exprimer à la fois, la contradiction et la complémentarité entre le théâtre grec et le théâtre Shakespearien, comme l'incarnation de la tragédie grecque dans un imbroglio sentimental qui scande les différentes escales de la pièce. Le metteur en scène, Abdelmajid Lakhal a une carrière foisonnante et un répertoire très diversifié de comédiens. C'est depuis son plus jeune âge qu'il a manifesté un intérêt particulier pour le théâtre. Il a tout juste neuf ans quand il est monté, pour la première fois, sur scène. En 1959, diplôme de l'Ecole des arts dramatiques en poche, il poursuit des études approfondies au conservatoire national du théâtre avant de faire ses classes au théâtre de l'Odéon en France. Artiste polyvalent Disposant de plusieurs arcs à son violon : comédien, metteur en scène et producteur, Abdelmajid Lakhal a participé à plusieurs œuvres théâtrales, cinématographiques et télévisées. Il a côtoyé divers vétérans tunisiens et étrangers du cinéma et du théâtre, notamment Ali Ben Ayed, Abdelaziz Agrebi, Hamda Ben Tijani, Ibrahim Babay, Mouna Noureddine, Rachid Ferchiou, Brahim Babai, Roberto Rossellini, Franco Zefirelli… En 1983, il a été primé meilleur acteur à l'occasion du Festival arabe de la radio et de la télévision pour son interprétation du rôle de Ibrahim II dans « Yahia Ibn Omar ». « Jugurtha » demeurera pour lui, comme un moment théâtral important dans sa carrière de metteur en scène.