INFOTUNISIE - Abdel Majid LAKHAL est un féru de théâtre. Depuis son jeune âge, il éprouvait une fascination particulière pour cet art. Il avait tout justement 9 printemps quand il est monté, pour la première fois, sur scène. Diplômé de l'Ecole d'art dramatique en 1959, il est orienté vers le conservatoire national du théâtre où il avait poursuivi des études approfondies avant de débarquer au théâtre de l'Odéon, un parmi les cinq théâtres nationaux de France. Durant sa carrière, le comédien a participé à la réalisation de plusieurs œuvres théâtrales, cinématographiques et télévisées. Il a côtoyé divers vétérans tunisiens et étrangers du cinéma et du théâtre tels Ali ben Ayed, Med Abdelaziz Agerbi, Hamda Tijani, Ibrahim Babay, Mouna Noureddine, Roberto Rossellini, Franco Zeffirelli et bien d'autres. Grâce à un itinéraire assez riche en expériences, il a été primé meilleur acteur à l'occasion du Festival arabe de la radio et de la télévision en 1983: interprétation Ibrahim2 dans Yahia Ibn Omar. Comme il avait excellé dans l'interprétation de plusieurs rôles en étant perpétuellement égal à lui-même. A la fois comédien et producteur, Abdel Majid LAKHAL participe au décor ainsi que les costumes des acteurs. En un mot, il est polyvalent. Sa dernière révélation n'est autre que « Jugurtha », qui ne cesse de faire couler beaucoup d'encre … En s'intéressant à sa carrière, le comédien s'est courtoisement confié à INFOTUNISIE : Comment présentez-vous « Jugurtha » au public ? Dans le cadre de la célébration du centenaire du théâtre tunisien, j'ai bien voulu profiter de l'évènement pour adresser un hommage à ceux qui s'étaient dévoués au profit du quatrième art et qui ont milité pour sa promotion. J'ai également cherché à puiser dans la richesse de notre langue arabe en m'éloignant du registre familier. Le texte verse, en effet, dans les délices d'une langue infiniment poétique et qui garde encore une part de son mystère. En fait j'ai déjà procédé de la même manière dans «La Mouette», une pièce que j'ai présentée lors du festival international de Hammamet en 2005. Chaque parcours a un commencement. Fort probablement « Jugurtha » s'inscrit dans cette logique. Qu'en diriez-vous ? « Jugurtha » est le premier-né de la société « Ennawress » (La Mouette), que j'ai créée l'année dernière. Au départ, j'ai pensé à un grand projet artistique reposant sur des duels de guerre, des rites religieux et des spectacles de danse et de chant, mais les moyens m'ont trahi. D'ailleurs, la réalisation de « Jugurtha » a valu la somme de 30 mille dinars. Toutefois, cela m'importe peu. Car je suis un passionné d'art à même de sacraliser les vrais créateurs. C'est pourquoi je cherche constamment à assurer à mes collaborateurs des conditions de travail propices à la réussite et à l'excellemment. Dans une phase préparatoire, j'ai chargé un professeur de théâtre de la récriture d'un texte innovateur en partant de l'histoire de « Jugurtha », mais on m'a proposé deux versions, la première, signée Mohiédine Ben Mrad et la seconde, Hsan Zmerli. Les deux textes différaient fondamentalement de ma conception de la mise en scène. Pour ce qui est des stimulants de ce travail, au commencement, je comptais le présenter au théâtre de « Dougga » en faisant participer des troupes théâtrales méditerranéennes afin de redonner à cet édifice artistique son éclat d'autrefois, mais c'est le même problème qui revient, à savoir le financement et les parties qui s'en chargent. Pourquoi »Jugurtha » en ce moment ? Ma démarche théâtrale dans la pièce obéit à un dialogue à la fois contradictoire et complémentaire entre le théâtre grec et celui de Shakespeare, somme toute, une incarnation de la tragédie grecque régie par un duel sentimental revenant en leitmotiv dans la vie humaine. A l'instar de « Hamlet », j'ai recensé une nouvelle vision de l'œuvre dramaturgique. Jugurtha était un homme brave et courageux ayant joué un rôle capital dans le rapprochement des hommes et tribus contre la persécution, le fanatisme, l'humiliation et les violeurs de dignité humaine. Pratiquement, cela va de soi pour nous arabes et musulmans, C'est le moment plus que jamais, de nous unifier pour constituer un pôle de poids sur le plan international. En outre Jugurtha a remporté ses combats historiques grâce à sa pleine détermination et sa volonté. Le message serait ainsi clair : il suffit de vouloir pour pouvoir. La prochaine présentation de la pièce ? On est en train de préparer une série de spectacles à l'aube du nouvel an au théâtre El Hamra, à la maison de la culture Ibn Rachiq tout en veillant à répondre aux attentes du public. Qu'en pensez-vous du devenir du théâtre tunisien et des générations théâtrales présentes ? Notre quatrième art est en très bonne santé et semble revivre son âge d'or étant servi par des prédécesseurs qui n'ont fait que transmettre la flamme aux successeurs. Inutile de paniquer, la Tunisie a de tout temps été et le demeure un berceau d'arts et de culture.