C'est une question de temps. Quelques mois tout au plus et la Chine supplantera le Japon en tant que deuxième économie mondiale. Un statut que les Nippons ont acquis et gardé pendant quarante-deux ans. Les derniers chiffres publiés par Tokyo montrent que la récession a énormément plombé l'économie de l'Archipel avec une contraction de l'ordre de 5%.
Le PIB s'en est durement ressenti. Celui de 2009 est de 5085 milliards de dollars. A l'opposé et dans l'empire du Milieu la croissance s'est maintenue à un rythme élevé en 2009 avec un taux de 8,7%. Le PIB a de son côté crû par rapport à 2008 pour atteindre 4900 milliards de dollars. La menace sur le Japon donc réelle et l'issue est inéluctable.
Les Japonais sont les premiers à le reconnaître, et se préparent à céder leur place au grand voisin, mais qui demeure pour eux un rival " auquel on ne peut faire confiance ", selon une grande majorité de la population japonaise.
Au delà des appréhensions et des sentiments, la montée de la Chine pour occuper une telle position sur l'échiquier international est pleine de significations pour un avenir proche.
La Chine a gravé les échelons à pas de géants. Il y a quelques années elle était tout juste septième derrière l'Italie avec moins de trois pour cent du PIB mondial et voilà qu'elle lorgne la seconde place ! D'aucuns pensaient que les Chinois étaient encore loin de pouvoir rivaliser avec les Japonais, et dans le meilleur des cas, ceci, le sera en 2015.
Or, c'était méconnaître la dynamique qui a mis la Chine sur la voie du progrès économique, celle-là même - on l'avait peut-être oublié - qui a propulsé, le Japon, la Corée du Sud et les autres petits dragons du sud-est asiatique, sur le devant de la scène internationale pour devenir des acteurs économiques de poids. A la recherche du temps perdu, les Chinois font tout pour rattraper leur retard.
L'ouverture économique initiée par Ding Xiaoping s'était fixée pour but de sortir le pays de son sous développement économique, handicap majeur pour une puissance nucléaire occupant une place importante d'un point de vue géostratégique. Et pour ce faire, Pékin, avait - et a encore besoin de l'apport technologique des pays avancés. Les autorités chinoises ont dû souvent adopter un profil bas et faire des concessions douloureuses au niveau politique et dans leurs relations avec les puissances industrialisées. Au Conseil de sécurité de l'ONU, Pékin se fait très discrète sur les questions épineuses, comme elle a toujours choisi de ne pas trop chatouiller l'Amérique sur la question de Taiwan bien qu'elle demeure attachée au principe du retour de l'île à la souveraineté chinoise.
Tant de concessions pour éviter de provoquer des réactions qui vont à l'encontre de l'objectif fixé.
Objectif en grande partie atteint avec le statut qu'elle s'est taillé et qui fait de la Chine un interlocuteur incontournable en matière de politique étrangère et un acteur principal de l'économie mondiale. Les réserves en devises font d'elle le plus grand argentier de la planète, qui a d'ailleurs contribué activement à l'arrêt de la récession et à la relance amorcée depuis le second semestre 2009 dont-il est vrai elle a tiré les meilleurs dividendes avec une croissance avoisinant les 9%.
Avec le nouveau statut qui sera au rendez-vous dans quelques mois, la Chine gagnera de nouveaux galons pour faire jeu égal avec les Etats-Unis et faire avancer ses pions sur l'échiquier international.
La partie ne s'annonce certes pas facile, mais avec le pragmatisme de ses dirigeants, l'empire du Milieu est en mesure de s'imposer davantage.
Il vient déjà de neutraliser un grand rival qu'est le Japon dont les dirigeants reconnaissent avec amertume, cela va sans dire - la suprématie rampante de leur voisin. Il n'en sera pas de même avec Washington, mais grâce à son poids économique et au matelas de devises dont puisent les Américains, la Chine saura - à n'en pas douter - infléchir la politique de la Maison Blanche sur plusieurs dossiers et donner au multilatéralisme une bien meilleure expression.
Et c'est là un des points positifs et non des moindres - du nouveau statut de la Chine.