C'est le 20 mars de chaque année qu'est célébrée la Journée de la Francophonie. Déclassé depuis longtemps par l'anglais, le français est encore en train de perdre du terrain par rapport à l'allemand. Dans beaucoup de pays francophones, on parle et on écrit de moins en moins convenablement la langue de Voltaire. Chez nous, la sonnette d'alarme a été maintes fois déclenchée pendant les trois dernières décennies. Mais les multiples tentatives visant à redorer le blason de cette langue échouèrent partiellement ou totalement. En fait, la dévalorisation touche plusieurs langues dans nos contrées ; c'est pourquoi la nécessité de réviser tous les aspects de l'enseignement des langues se fit sentir comme une urgence. Une stratégie nationale de développement de l'enseignement des langues a été récemment mise en place en vue d'améliorer le niveau des élèves et des enseignants dans notre pays. La réhabilitation de la langue française concerne plus particulièrement les approches pédagogiques, l'évaluation, la formation et la diversification des ressources. Pour réhabiliter la langue de Molière La mise en œuvre de cette stratégie a commencé dans l'enseignement du français et s'est traduite par la réalisation partielle de divers projets dont en particulier : *La présentation du « Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues » et ce, au cours des séminaires organisés à Carthage et dans « le village francophone de Monastir » pendant l'été 2009. *La formation en corps des instituteurs de français de la 5ème et de la 6ème pour leur permettre au terme de ce cycle d'accéder au niveau B2 de l'échelle de référence européenne. *L'installation de 50 laboratoires de langue dans les établissements secondaires (à raison de deux laboratoires par direction régionale) et la formation de 150 inspecteurs et professeurs formateurs pour initier leurs collègues à l'utilisation de ces laboratoires. Rappelons à ce sujet qu'en plus des services qu'ils rendent en matière de correction phonétique, les laboratoires multimédia sont utiles dans la compréhension de l'écrit et de l'oral, dans la production orale et écrite, dans l'interactivité et dans l'accès aux ressources sur les sites d'Internet. *La mise en place dans les collèges de 693 laboratoires et l'on a commencé dans les régions à former prioritairement les enseignants de la 7ème année de base. * L'expérimentation, dans le plus possible d'établissements, des modules de formation élaborés au Centre de Carthage. *L'introduction des Techniques de Communication dans l'enseignement des langues (des expériences ont été menées dans diverses régions à l'instar de Gafsa, l'Ariana, Nabeul, Kébili et Tunis) *La signature de deux conventions de partenariat académique, la première entre Versailles et Le Grand Tunis, la seconde entre Besançon et Nabeul. *L'organisation d'un village francophone à Monastir du 20 au 25 juillet 2009. Cette rencontre donna lieu à des travaux dirigés en langue et littérature, à des ateliers de théâtre, de cinéma, de lecture de l'image, de chanson française, de poésie, d'intégration des TIC et à des exposés pédagogiques et didactiques, à des activités créatives et ludiques diverses et à des spectacles artistiques variés et très instructifs. L'objectif étant de permettre aux stagiaires de bénéficier des vertus d'une immersion linguistique et culturelle grâce notamment à une pratique permanente du français. *L'organisation, en mars 2009, d'un concours de dictée dans le cadre de la célébration de la Journée de la Francophonie. Cette année, la cérémonie de remise des prix du concours de 2010 sera organisée le 24 mars prochain à la Cité des Sciences. *L'organisation, les 14 et 15 janvier 2010, à Nabeul d'un séminaire sur la lecture suivie et l'étude d'une œuvre littéraire intégrale. Des projets pour 2010 Dans le cadre des actions de coopération bilatérale tuniso-française pour l'année 2010, l'Institut Français de Coopération (I.F.C.) participera à de nombreux projets dont certains sont en cours. En voici quelques uns: - missions d'experts français en Tunisie pour la formation de 150 formateurs du primaire (inspecteurs et assistants pédagogiques) selon le Cadre Européen Commun de Référence (niveau B2) - missions d'experts français en Tunisie sont prévues pour la formation de 100 formateurs des collèges et lycées (niveau C1 et C2) - 2 missions d'experts français sont programmées pour l'élaboration de modules de formation sur l'usage pédagogique des laboratoires de langue pour 10 personnes. - Entre Octobre et Novembre 2010, on envisage d'organiser un séminaire national sur l'enseignement du français. -Au mois d'avril prochain, un concours intitulé « le printemps de la production écrite » sera organisé pour les élèves tunisiens. Des élèves français y participeront également dans le cadre des partenariats académiques. -En appui au village francophone, l'IFC prévoit de prendre en charge en juillet 2010, le séjour de 2 experts dans le domaine du théâtre et du cinéma. Sans parler de l'appui en documentation et principalement en dictionnaires pour les lauréats du Concours de Dictée. -Pour le renforcement de l'enseignement du français à travers les partenariats économiques, des missions d'experts sont programmées en mai 2010 dans le Grand Tunis et à Nabeul. Une extension de ces partenariats est prévue en 2010 avec notamment la signature de nouvelles conventions entre Nantes et Sousse, Marseille et Bizerte, et probablement entre Grenoble et Sfax. -Un séminaire important sur la lecture est prévu en 2010. Il s'intitule « La lecture dans tous les sens et pour être à la page » et vise à réhabiliter le livre et la bibliothèque auprès des élèves et de leurs enseignants. Des inspecteurs, des universitaires et des écrivains français animeront ce séminaire. Un deuxième séminaire est programmé pour novembre 2010 et portera sur la didactique du français. Badreddine BEN HENDA --------------------------------------- Chiffres sur l'enseignement du français en Tunisie *Le nombre total des enseignants du français dans le cycle secondaire est de 8858 professeurs dont 7413 spécialistes. Parmi ces derniers 4869 professeurs ont la maîtrise et les 2544 restants ont des diplômes universitaires d'avant la maîtrise. Le nombre des non spécialistes serait de 1544 professeurs. *Au primaire, on recense 167 inspecteurs de français répartis sur autant de circonscriptions tandis qu'au secondaire, on en compte seulement 38 ; mais le ministère de l'Education nationale envisage de recruter une dizaine de nouveaux inspecteurs au terme de l'exercice actuel. --------------------------------------- La francophonie dans le monde Sur le site de l'Organisation Internationale de la Francophonie (O.I.F.), on apprend que celle-ci compte 70 Etats et gouvernements membres dont 14 sont observateurs. Le français est langue officielle dans 32 de ces Etats ; c'est la 2ème langue maternelle au sein de l'Union Européenne, et la langue officielle de 32 états membres de l'O.I.F. Sur la Toile, elle se classe 3ème avec 5 % des pages Internet après l'anglais (47 % des pages) et l'allemand (7 % des pages). C'est la 9ème langue la plus parlée dans le monde. Selon la même source, il existe actuellement 200 millions de francophones dans le monde dont 72 millions de locuteurs partiels. 60 % des francophones ont moins de 30 ans. L'Afrique compte à elle seule 96,2 millions de francophones. On compte par ailleurs 900.000 professeurs de français à travers le monde. TV5 Monde, la chaîne de télévision francophone, est diffusée dans près de 200 pays et auprès de 207 millions de foyers. Sachons enfin que la Tunisie a adhéré à l'Organisation Internationale de la Francophonie (O.I.F.) dès sa création en mars 1970. --------------------------------------- L'O.I.F. en dates et en chiffres L'Organisation Internationale de la Francophonie a été créée le 20 mars 1970, par la Convention de Niamey sous l'appellation d'Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT). Elle fête donc cette année ses 40 ans d'existence. Son secrétaire général est M. Abdou Diouf ancien président du Sénégal, élu en 2002 et réélu en 2006. Elle emploie 328 personnes qui travaillent au siège (à Paris) ou dans les unités hors-siège. Son budget s'élevait en 2007 à 79,3 millions d'euros. Ses principales missions sont de promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique ; de promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l'Homme ; d'appuyer l'éducation, la formation, l'enseignement supérieur et la recherche ; et de développer la coopération au service du développement durable.