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L'art de l'autosatisfaction à trompe l'œil
Récompenses et affiches jubilatoires dans les commerces et les sociétés de services
Publié dans Le Temps le 31 - 03 - 2010

Pour attester la qualité du service dans leurs locaux et pour donner aux clients une garantie de la compétence du personnel qui y travaille, de nombreux commerçants et chefs d'entreprises de chez nous placardent sur leurs murs toutes sortes de brevets, de diplômes, de certificats et de distinctions susceptibles de contribuer à la promotion de leur activité.
Mais les titres et les satisfécits dont ils s'enorgueillissent ne sont pas toujours crédibles et ne suffisent nullement à authentifier leurs prétendues qualifications. Il arrive même qu'on relève un contraste flagrant et bien sûr regrettable entre les mérites vantés sur les certificats affichés et les mauvais services rendus par les maîtres des lieux. Preuve s'il en est que beaucoup de suspicion entoure encore les critères sur la base desquels certaines récompenses commerciales sont attribuées.
L'arbre qui cache la forêt
L'autre jour, nous étions chez un marchand de beignets de Tunis et en attendant d'être servis, nous nous amusâmes à regarder et à lire les certificats accrochés au-dessus du comptoir. Il y en avait cinq en tout et chacun vantait généreusement un ou plusieurs mérites et compétences du propriétaire. On y louait avec la même emphase la propreté du local, son respect scrupuleux des règles de l'hygiène commerciale et l'exemplarité de ses employés. En bref, et à en croire ce que disaient tous ces satisfécits qui commençaient néanmoins à dater, la boutique et ses occupants étaient, sous tous rapports, irréprochables ! Dans les faits cependant, on était bien loin de la perfection dans ce local. D'ailleurs, nous avons été froissés, le jour où nous nous y sommes rendus, par l'insolence de deux de ses employés qui réagirent très discourtoisement aux griefs adressés par l'un des clients mécontents du service. La même semaine, nous étions au comptoir d'un café de catégorie moyenne mais dont le gérant arborait avec fierté sur les murs du local, les multiples « distinctions » décernées à son commerce. Ces satisfécits qui faisaient son orgueil justifiaient aussi apparemment la maladresse et l'insolence avec lesquelles il nous répondit lorsque nous exigeâmes qu'il serve notre café dans un verre plus propre que celui qu'il avait entre les mains.
Tous premiers de la classe !
Mais l'exemple le plus probant de l'inflation des récompenses imméritées est peut-être à chercher du côté de nos salons de coiffure pour hommes et pour femmes. Apparemment, on ne se coupe pas les cheveux en quatre pour décerner une médaille, un trophée, un diplôme au premier venu des candidats au métier de coiffeur. Des concours sont régulièrement organisés au cours desquels tous les candidats sont sûrs de recevoir un trophée ; le premier prix peut même les récompenser tous ensemble. A tel point d'ailleurs qu'on se demande parfois si les organisateurs ont prévu un 2ème et un 3ème prix dans ce genre de compétitions truquées. Or, à juger correctement des « performances » quotidiennes des artisans de ce secteur, on se verrait contraint de retirer leurs agréments à plusieurs charlatans. Nous ne parlerons pas de leurs serviettes sales, effilochées et jamais tout à fait sèches ; ni de leur matériel vétuste et rarement désinfecté, ni de l'exigüité de leurs locaux toujours mal aérés.
Les diplômés d'Oxford !
Dans plusieurs autres métiers exercés après seulement quelques mois de formation professionnelle, il y a beaucoup de réserves à émettre quant aux critères qui y président à l'attribution des diplômes, des satisfécits et des prix. On citera l'exemple des apprentis-sorciers du secteur de la réparation électrique et électronique qui se targuent eux aussi d'avoir suivi la meilleure formation, de détenir les meilleurs diplômes et d'avoir reçu les meilleures récompenses. A écouter leurs fanfaronnades, on les prendrait pour des diplômés d'Oxford ou de Harvard University ! Parfois, quand ces soi-disant techniciens ne disposent pas de beaucoup de certificats honorifiques, ils pallient ce manque en accrochant sur les murs de leurs locaux des photos d'eux prises avec un responsable local ou avec une personnalité politique nationale. Ce genre de clichés vaut souvent à leurs yeux, un insigne, une distinction, un titre de promotion, susceptibles de leur attirer davantage de clients. Il y a encore mieux : l'année dernière, pendant l'agression israélienne contre Gaza, de nombreux commerçants collèrent des posters de dirigeants et de martyrs palestiniens. Cet engagement par portraits interposés est, paraît-il, une forme de réclame de plus en plus efficace!
L'ivraie à la place du bon grain !
Dans les sociétés bancaires, on prétend rendre des services d'une qualité supérieure ! A croire les slogans publicitaires toujours dithyrambiques à leur sujet, nos banques méritent toutes de recevoir les plus hautes récompenses locales et internationales. Or, il y a seulement quelques mois, aucune d'elles n'a été jugée digne du 1er prix présidentiel réservé aux meilleurs services rendus. Certes, cette contreperformance est préjudiciable à l'image de nos sociétés financières ; est-ce pour autant une excuse pour attribuer ledit prix à une institution qui ne le mérite pas ? Il vaut mieux, au contraire, ne pas le décerner pour que, d'abord, les responsables des sociétés bancaires prennent la mesure des lacunes qui persistent dans leur secteur et qu'ils se dépensent plus par la suite en vue d'un rendement meilleur. En réalité, cette sorte de transparence et d'honnêteté doit prévaloir dans tous les secteurs économiques et administratifs de notre pays : les prix doivent récompenser ceux qui les méritent vraiment. Il faut éviter de dévaluer les récompenses en les attribuant à tout bout de champ et souvent sur des bases inéquitables. Parce que sinon, on risquera en toute circonstance de prendre l'ivraie pour le bon grain !


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