Que se passe-t-il dans la petite cervelle de certains jeunes qui, au lieu de chercher du travail pour occuper leurs longues heures de la journée, préfèrent échafauder des plans diaboliques pour s'attaquer ensuite aux pauvres citoyens, sous quelque motif que ce soit ? Des idées, la plupart saugrenues, ils n'en manquent pas. C'est dire leur imagination fertile qui est allée jusqu'à proposer à une ouvrière qui rentrait chez elle, tard dans la soirée, de passer des moments agréables à la belle étoile. En cas de refus, elle sait bien ce qui l'attend, car le délinquant ne badine pas surtout si c'est une vielle connaissance. Cette affaire, qui sort de l'ordinaire, est quand même un peu curieuse puisque l'inculpé, n'ayant pas obtenu gain de cause la première fois, a récidivé pour se faire éconduire sèchement par la jeune fille qui était pourtant accompagnée d'une camarade, toutes deux de retour de l'atelier qui les emploie. Quelle effronterie manifestée par cet énergumène totalement inconscient de ses actes qui s'était posté longtemps devant le café du coin pour attendre patiemment le passage de celle sur laquelle il avait jeté son dévolu. Peut-être était-il fortement épris de la demoiselle ? Toutefois cela ne peut en aucun cas excusé son geste commis quelques minutes plus tard lorsqu'il a été à nouveau congédié. Le fait de s'attaquer avec une lame de rasoir à la victime est quelque chose d'ignoble, d'autant que l'intention était manifeste : balafrer son visage pour la rendre méconnaissable. C'était le tribut à payer pour avoir offensé le prétendant et l'avoir atteint dans son orgueil. Il s'est vengé par dépit, sans se rendre compte de la gravité de la mauvaise action commise. Mais au lieu de se contenter de ce méfait, il est entré dans une colère noire à telle enseigne qu'il semble avoir perdu la raison. En effet, l'accompagnatrice n'a pas échappé à la terrible correction qui lui laissera, elle aussi, sans doute, des traces indélébiles puisque le forcené, aveuglé par la rancœur, lui porta de violents coups au visage, lui causant de graves blessures. Les deux jeunes filles, presque défigurées et humiliées, se rendirent au poste de police de Sidi Hassine, une proche banlieue de la capitale, pour raconter leur mésaventure. C'est ainsi que l'ouvrière a déclaré que l'agresseur qu'elle connaît bien l'importunait souvent et qu'il lui avait auparavant demandé de partager avec lui des moments intimes d'extase. « Je l'ai vertement rabroué, mais il est revenu à la charge, avec les conséquences que voici », devait-elle affirmer aux enquêteurs. Propos confirmés par sa collègue de travail qui s'interroge encore sur cette agression gratuite dont elle a fait l'objet. Les victimes ont été transportées à l'hôpital pour recevoir les soins d'urgence tandis que les policiers ont entamé leurs investigations qui aboutirent finalement à l'arrestation de l'accusé. Ce dernier n'a pu expliquer les pulsions négatives qui l'ont poussé à commettre cet acte infamant. Une fois l'enquête achevée, l'inculpé sera traduit devant la chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis.