Samedi soir, au Camp Nou, un régal pour les yeux. Un Barça divin, un Real qui reste dans sa majesté digne, quoique blessée. Dans les tribunes d'honneur les deux présidents regardaient le match ensemble. Sur les gradins "Il Clasico" déployait la magie d'un sport pur, lourd d'enjeux certes, mais qui restait avant tout et au final, le haut lieu d'un football d'une autre planète. Un football qui ne se hisserait jamais à des telles hauteurs stratosphériques si les foules en faisaient l'exutoire des passions exacerbées et le prétexte à des débordements inciviques. Après le match, 90 mille spectateurs entre gagnants et perdants ont été faire la fête... En sommes-nous incapables ? Le sport tunisien a toujours été de toutes les ferveurs, de tous les combats d'avant-garde : pour l'indépendance ; pour l'affirmation de l'identité nationale ; pour la jeunesse et le sens de la citoyenneté. Sans doute, quelque part, le football tunisien cristallise-t-il - mal, d'ailleurs - des épanchements juvéniles ; succombe-t-il à un certain régionalisme rétrograde et qui puise, en tous les cas, ses racines ailleurs que dans le sport. Mais dépassées certaines limites, les actes basculent dans le vandalisme, la violence iconoclaste, la transe macabre de ceux qui n'ont pas de repères, de ceux qui choisissent le camp des marginaux et des ennemis de la citoyenneté. Nous nous expliquons toujours pas qu'on continue de les appeler supporters. Quelle race de " supporters " saccagent les deniers publics ? Quelle race de " citoyens ", vivant pourtant dans l'un des pays les plus pacifistes sur terre, osent-ils, se permettent-ils d'attaquer des hommes, des pères de familles dévoués à l'ordre public et chargés de les protéger eux-mêmes ? Méritent-ils l'Espérance elle-même, celle qu'ils sont en train de traîner dans la boue, de souiller et de diaboliser ? Au point où en sont arrivées les choses il n'y a plus de morale qui tienne. La morale primaire, n'est plus que rhétorique à laquelle personne n'adhère plus. Sévir, oui, sévir ! Et, à la limite, ce football incendiaire, la société tunisienne s'en passerait volontiers. Que les sociologues et nos "amis" politiciens ceux qui ramènent toujours les dérives juvéniles aux problèmes existentiels, structurels et sociaux des jeunes, nous épargnent les logomachies axées - comme toujours - sur les réquisitoires puérils et irrationnels à l'endroit du système. Qu'on ne nous sorte pas les ritournels politiciennes, style : "manque de repères de la jeunesse " ; "chômage" ; " embrigadement " et tout le faisceau habituel et redondant de lieux communs. Il s'agit plutôt de circonscrire ces dérives et de ne pas les sortir de leur cadre, à savoir un football qui pourrit ; un football malade de surenchères, d'une médiatisation véhiculant le verbe acerbe sur les chaînes de télévision ; un football malade de ses joueurs, de ses entraîneurs (n'est-ce pas Benzarti ?), de ses dirigeants, de ses arbitres, de ses supporters et qui se meurt à petits feux !