Aujourd'hui s'organise dans tous les établissements scolaires la rencontre trimestrielle entre parents d'élèves et professeurs pour débattre des résultats trimestriels et des moyens susceptibles de venir en aide aux élèves en difficulté. Parents et enseignants se réunissent pour la dernière fois en cette année scolaire n'ayant rien d'autre à espérer que de sauver l'honneur à pas mal d'élèves menacés de redoublement ou peut-être d'exclusion. Quoique la majorité de ces élèves gardent encore de l'espoir et comptent jouer le tout pour le tout en ce dernier trimestre, d'autres, désespérés, ont carrément déposé les armes, n'étant plus capables de fournir aucun effort pour se rattraper. Cependant, on est habitué à entendre une litanie récurrente lors de cette réunion, qui consiste à dire que le niveau des élèves est en baisse et qu'ils sont victimes tantôt d'un système qui ne répond plus à leurs goûts et à leurs aspirations, tantôt d'une certaine démission parentale ou encore d'un désintérêt de plus en plus flagrant pour les études, provoqué par d'autres préoccupations obsédantes, comme le choix d'activités sportives, des affaires et des solutions de facilité. Qu'en est-il au juste ? Le niveau de nos élèves a-t-il baissé à tel point qu'il faut sonner l'alarme ? Le niveau des élèves baisse-t-il vraiment ? Des enseignants le déclarent, des parents l'approuvent. Mais, certains pédagogues trouvent que ce slogan fait figure d'un épouvantail pour les parents et pour leurs enfants et qu'il ne faut pas en user outre mesure, d'autant plus qu'une comparaison entre un élève d'aujourd'hui et celui des années soixante est invraisemblable et quasi impossible. C'est que la pédagogie, soutiennent-ils, est en perpétuel changement, ce qui exige le renouvellement continu des méthodes et des programmes, chose que certains élèves ne peuvent pas facilement assimiler, étant confrontés à de nouvelles disciplines, à une variété de manuels et à des méthodes de travail très différentes. Il est donc difficile d'exiger d'un élève d'être bon en tout. Le progrès scientifique et technique a touché l'école comme tous les domaines, ce qui a exigé de nouvelles compétences à asseoir et consolider chez les élèves qui s'orientent de plus vers les branches scientifiques, techniques et informatiques en négligeant les disciplines sociales et littéraires. Est-ce parce que les élèves sont faibles en langues (expression écrite et orale, orthographe, syntaxe…) qu'il faut dire que le niveau baisse ? Sur ce point les idées divergent : il y a ceux qui pensent que les élèves d'aujourd'hui ne sont pas plus bêtes que ceux d'antan et qu'on peut rencontrer le bon et le mauvais à toute époque, et il y a ceux qui soutiennent que les taux élevés de réussite enregistrés chaque année dans nos écoles et surtout lors des examens nationaux est une preuve suffisante pour montrer que le niveau de nos élèves est dans l'ensemble satisfaisant. Il faut savoir si le niveau réel de l'élève se mesure à l'aune du seul score réalisé à l'examen ou s'il existe d'autres facteurs qui entrent en jeu : l'évaluation des enseignants (parfois trop indulgente !), d'où la banalisation des 20/20 obtenus aisément par les élèves et dans toutes les matières, le recours de la part de certains élèves à des procédés illicites, notamment la fraude lors des examens, une pratique qui se développe grâce aux technologies modernes, le téléphone portable par exemple ! Sans compter l'intervention de certains parents auprès des enseignants qui donnent des cours particuliers à leur enfant pour solliciter quelques points de plus à telle ou telle discipline ; les notes sont alors gonflées pour permettre à l'élève d'atteindre la moyenne arithmétique ou la moyenne générale exigée pour sa réussite. Ces comportements qui contribuent sans doute à la baisse du niveau de nos élèves sont à bannir de notre école.