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La langue de Molière agonise
Enseignement
Publié dans Le Temps le 14 - 02 - 2010

Il n'y a aucun doute que la langue française est en perte de vitesse dans notre pays, chez les jeunes en particulier. Elèves et étudiants trouvent de plus en plus de difficultés à suivre des cours dispensés en grande partie en français, alors que les générations des années 60 et 70 maîtrisaient impeccablement la langue de Molière.
Ce sont ces mêmes générations, âgées aujourd'hui entre 50 et 70 ans qui lisent encore les romans et les journaux et écoutent les informations du télé-journal en langue française. Que s'est-il passé pour que le français soit relégué au second plan dans nos écoles ? Nos élèves et nos étudiants bousculent la langue française :il suffit de voir leurs productions écrites ou orales lors des examens trimestriels ou nationaux. Leur français inquiète les profs qui sont confrontés quotidiennement aux multiples charabias et chinoiseries et toutes sortes d'amphigouris et de galimatias. Le langage des SMS, adopté par la majorité des jeunes d'aujourd'hui, vient de donner le coup de grâce à la langue française dans nos établissements : mots mutilés, abréviations, transcription phonétique des mots, mélange de langues, vocabulaire familier et vulgaire. « On en voit un peu de tout dans les copies des élèves ! Corriger une copie est devenu un véritable casse-tête chinois ! », nous a confié un professeur de français. Et dire que le français est affecté du coefficient 4, le plus élevé par rapport à ceux des autres matières dans les collèges (7è, 8è, 9è de base) et jouit d'un volume horaire important (entre 4h et 5 heures par semaine). Là où le bât blesse, c'est qu'à partir de la 1ère année secondaire, le français devient la langue véhiculaire de la majorité des matières enseignées (maths, physique chimie, technologie, informatique, économie, gestion…), le besoin du français se fait de plus en plus sentir au secondaire, alors que la majorité des élèves n'y sont pas suffisamment préparés ni en primaire ni au collège ! Il va de soi que pas mal d'élèves ratent leurs devoirs à cause d'un déficit de langue, ce qui constitue un blocage chez l'élève au niveau de la compréhension des consignes et lors de la rédaction des réponses.
Hiatus entre les différents niveaux
Le français n'est donc plus la seconde langue d'antan, mais bel et bien une langue étrangère et qui doit être enseignée en tant que telle. Or, il paraît qu'il y a un hiatus dans l'enseignement de cette langue entre les différents niveaux du cursus scolaire. En arrivant au collège, l'élève rompt complètement avec ce qu'il apprend en primaire pour entamer un programme qui, de l'avis de pas mal d'enseignants, n'assure pas de continuité. Le passage au lycée pose également un problème à l'élève qui se trouve du jour au lendemain obligé de suivre des cours dans plusieurs disciplines en français alors qu'elles ont été assurées en langue arabe au collège. Les étudiants sont eux aussi affrontés à ce déficit de la langue française, une fois appelés à rédiger un mémoire de fin d'études ou plus tard à rédiger une lettre de motivation ou un C.V ou encore à tenir une discussion en français avec le recruteur lors d'une entrevue ! Pourtant, la France demeure notre principal client et fournisseur sur le plan économique et la majorité des administrations tunisiennes continuent à utiliser le français notamment dans leurs opérations commerciales, ce qui suppose une bonne maîtrise de cette langue de la part de nos diplômés.
La pédagogie différenciée
Personne ne peut nier le fait qu'un élève moyen en sixième année primaire ne peut pas prononcer correctement une phrase simple ou épeler un mot. A l'écrit comme à l'oral, il peut confondre entre « f » et « v », entre « m » et « n », entre « j » et « g » et entre « d » et « t ». Les élèves du collège parlent un mauvais français et leurs productions écrites sont très médiocres. Ceux du lycée ne maîtrisent pas suffisamment la langue et rencontrent des difficultés à suivre et comprendre les cours qui sont donnés en français. Ce sont là des témoignages d'enseignants de français qui sont conscients de la situation et qui font de leur mieux pour être au secours des élèves en difficulté, quand bien même ces derniers pourraient entraver la bonne marche de la classe. « Pour ces élèves, propose un prof de français, il faut adopter la méthode de la pédagogie différenciée, adaptée aux besoins spécifiques des élèves en difficulté et qui consiste à organiser la classe de manière à permettre à chaque élève d'apprendre dans les conditions qui lui conviennent le mieux. Il s'agit donc de mettre en place dans une classe ou dans une école des dispositifs de traitement des difficultés des élèves pour faciliter l'atteinte des objectifs de l'enseignement. Mais cela n'est pas encore possible dans nos établissements ! »
Cependant, on peut tomber parfois sur un élève qui est brillant en français, comme Soumeya, élève de 9è année qui nous a déclaré : « j'aime la langue française depuis mon enfance et c'est grâce à ma mère qui est institutrice et mon père, prof de français, que je suis devenue brillante en langue française. A la maison, on parle français, je lis des livres en français et depuis la 7è année, je suis des cours du soir à l'institut français. Je regarde énormément les chaînes françaises et je ne rate jamais le télé-journal. »
Ils ne lisent pas
Cette élève a peut-être de la chance d'avoir des parents enseignants, mais pour les autres, ils ne doivent pas se contenter du temps imparti à cette langue à l'école, ils peuvent se perfectionner grâce au travail extrascolaire, surtout la lecture. Or, nos élèves ne lisent plus ; et c'est là que réside le mal. Allez demander à l'un de ces élèves quelles sont ses dernières lectures et vous ne serez que bien déçus de leurs réponses ! Les profs de français ont beau demander à leurs élèves de lire, mais en vain ! « Les élèves ne lisent pas en français, nous a affirmé un prof de collège, ils viennent me dire que dès les premières pages, ils s'ennuient. Pour peu qu'ils rencontrent un mot difficile, ils abdiquent. Ils ne prennent pas la peine de consulter un dictionnaire, d'ailleurs, la plupart ne savent pas chercher un mot dans le dictionnaire ! C'est dommage qu'ils ne soient pas habitués dès l'école primaire à utiliser cet outil très précieux ! » Ainsi, il s'avère que cette aversion pour la lecture est à la fois la cause et la conséquence de cette faiblesse généralisée en langue française chez nos élèves. Ajoutons à cela les causes inhérentes à la langue elle-même : en effet le français passe pour une langue très difficile avec ses règles et ses exceptions et surtout son orthographe ardue et délicate, ce qui est assez démotivant pour l'élève. Le temps est venu pour asseoir de nouvelles méthodes dans l'enseignement du français, basées sur les nouvelles technologies, d'autant plus que l'élève d'aujourd'hui a plutôt une prédilection pour les moyens audiovisuels et le numérique. Les nouveaux laboratoires de langue mis récemment à la disposition des collèges seront sans doute d'un grand apport pour nos élèves quant à l'amélioration de leur niveau en langue française, pourvu que ces laboratoires soient exploités à bon escient !


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