Plus de 150 élèves ont publié des messages calomnieux et touchant à l'honneur d'une enseignante d'un lycée à Hammam-Lif. Chose qui pourrait être poursuivie en justice ; mais Madame M…, professeur d'arabe, connue pour sa gentillesse, son sérieux et son dévouement dans ledit lycée et même dans toute la région, n'a pas eu recours à la justice pour porter plainte contre ses propres élèves et s'est contentée de faire un rapport auprès de l'administration du lycée demandant la comparution des élèves devant le conseil d'éducation, et ce malgré la grossièreté et l'obscénité des propos qui avaient été adressés à son égard sur Facebook. La raison : l'un de ces élèves, un certain M.M.B, inscrit en 2è année, a eu un avertissement de la part de son professeur pour insolence ou méconduite en classe. Sa réaction ne se fit pas attendre : il publia, en faisant fi de toutes les conséquences qui pourraient découler de son acte, des messages diffamatoires portant atteinte à la personne de son professeur. Il l'a insultée en diffusant des photos de l'enseignante qui avaient été prises à son insu pendant les cours et il a invité tous ses amis à prendre part à cette campagne de dénigrement et de médisance faite par esprit de vengeance contre ladite enseignante. Cette diffamation s'est aussitôt propagée sur la toile comme un feu de paille et a fait objet de commentaires signés de la part de la majorité des élèves qui ont approuvé les mêmes propos malveillants et calomnieux adressés à leur enseignante. Le nombre des élèves qui ont partagé le point de vue de leur camarade a, croit-on savoir, atteint les 150 élèves, tous inscrits dans les classes dont la victime est chargée. Sanctions controversées Tout le lycée a eu très vite bruit de cet acte infâme et grâce à l'enquête menée par l'administration, suite à la plainte de la victime, le principal auteur de cette diffamation à l'envers de l'enseignante a comparu devant le conseil d'éducation du lycée avec quelques uns de ses camarades. Le conseil, réuni en l'absence de deux membres permanents, a décidé de le renvoyer pendant 15 jours de l'établissement alors que les autres ont écopé chacun de quatre jours de renvoi. Si ce verdict a été aacceuilli avec satisfaction par les élèves diffamateurs qui s'attendaient à une sanction plus grave, il est en revanche jugé insuffisant par rapport à la gravité du délit commis par un élève contre son enseignant, d'autant plus que la diffamation s'est produite publiquement sur un réseau social accessible par tout le monde, ce qui constitue un degré avancé de la violence verbale perpétrée contre les enseignants et qui touche énormément à leur dignité et à leur statut social. La décision du conseil à l'encontre de ces élèves insolents a provoqué un mécontentement général auprès des enseignants du lycée qui voient que la sanction n'est pas assez forte, si bien qu'ils sont entrés en grève de solidarité jeudi dernier à partir de 14h. Des responsables de la direction régionale de l'éducation de Ben Arous se sont rendus sur les lieux pour apaiser la situation. Le vendredi après-midi, tous les enseignants du lycée se sont réunis à la salle des profs et ont boycotté la rencontre trimestrielle qui devait se dérouler ce jour-là au lycée. Ils ont fait parvenir une pétition de protestation au ministère de tutelle et au syndicat du secondaire. Mise en cause de Facebook Certains collègues de la victime interrogés sur cet événement nous ont exprimé leur profonde indignation envers l'acte perpétré contre l'enseignante et surtout leur déception quant à la décision prise contre les auteurs de cet acte agressif et prémédité à l'égard d'un professeur qui, de l'avis de tous, a toujours été un modèle d'abnégation et de dévouement. L'un de ces collègues nous a rappelé que cette enseignante a fait don d'un organe à sa fille il y a deux ans (acte ô combien noble !) et qu'elle a des rapports très humains avec tous ses élèves et ses collègues. « Ces actes orduriers commis à l'égard de notre collègue, a-t-il ajouté, portent gravement atteinte à sa bonne réputation ! » D'autres collègues ont mis en cause ces réseaux humains, notamment Face book, qui ne sont pas toujours utilisés à bon escient par les élèves qui, pour peu qu'ils y créent un profil, se permettent de tout publier sans vergogne ni respect aux personnes comme si ce réseau était un lieu d'hostilité et de règlement de comptes, quand bien même il serait un forum de discussion, d'échanges et de communication entre les personnes du monde entier. «C'est dommage que ce réseau soit devenu une arme redoutable entre les mains de certains élèves sans scrupules pour juger leurs profs, les dénigrer et les léser ! Au contraire, ce réseau aurait pu être un moyen de rapprochement et de communication entre les élèves et leurs profs dans le respect total et sans braver les convenances », a fait remarquer un autre collègue.