L'on savait qu'un match de coupe et c'est finalement qui fait le charme de cette épreuve est ouvert à toutes les éventualités, les meilleures comme les pires pour les deux acteurs mais tout compte fait, l'on était à quelques lieues de s'attendre à une aussi bonne demi-finale avec à l'arrivée une belle moisson de six buts aussi beaux les uns que les autres. Le scénario le plus plausible était une courte victoire de l'un ou de l'autre des deux protagonistes ou au pire devaient- ils se départager en recourant à la loterie des tirs aux buts. L'importance de l'enjeu, une finale en coupe devait inciter clubistes tunisois et sfaxiens à la prudence en faisant primer les considérations tactiques notamment pour assurer la qualification sans trop se soucier de la manière. Tant mieux donc pour les puristes qui ont été gratifiés d'un bon spectacle où l'indécision a longtemps plané avant que les " Noir et Blanc " n'infléchissent irrémédiablement le cours du match en leur faveur au cours des prolongations. La seconde remarque c'est que la qualification aurait pu aussi revenir aux " Rouge et Blanc " sans les deux ratages monstres de Traoré (2') qui profita d'une erreur de Rouïd pour se présenter en tête à tête avec Khalloufi avant de trouver le moyen de mettre au dessus et de Akrout qui reprit d'un heading sur le poteau une belle ouverture de Mériah (4'). Le Club Africain venait ainsi de dilapider l'occasion de sceller le sort de la rencontre devant un adversaire sfaxien n'ayant pas encore retrouvé ses repères. Pis encore l'ensemble de Bab- Djedid devait courir à sa perte quand Ben Yahia écopa coup sur coup deux avertissements aussi gratuits l'un (protestation) que l'autre (intervention brutale sur Ali Maâloul) synonymes d'expulsion (57'). Auparavant, Anis Boujelbène, touché, dut quitter le terrain précocement (12') obligeant ainsi Habib Mejri à procéder à un remplacement obligatoire et de surcroît en début de match. La sortie de Boujelbène devait d'autant plus fragiliser le milieu du terrain clubiste que Sellami donna des signes manifestes d'énervement. Au lieu de se concentrer davantage sur son sujet il donna l'impression de chercher à son tour le carton rouge. Toujours est-il que jouant à dix et ayant dans les jambes un match de plus livré en milieu de semaine contre l'Etoile, le Club Africain ne pouvait pas tenir le rythme quand il a fallu recourir aux prolongations. En face le Club Sfaxien était beaucoup plus frais physiquement puisque de l'équipe qui a joué mercredi devant El Gaouafel seul le défenseur central Mahmoud Ben Sallah a été reconduit, tous les autres ont été ce jour-là mis au repos. Luka, à l'issue du match ne pouvait pas mieux dire quand il affirma " qu'il a eu le Club Africain à l'usure ". Mais il n'a pas été cependant en mesure d'expliquer pourquoi n'a-t-il pas placé un 3ème homme dans l'axe quand il menait par 1 but à zéro avant jusqu'à la 61' et ce dans le but de conférer à ce compartiment un meilleur équilibre. En effet, la partie centrale de la défense sfaxienne a laissé entrevoir jusque-là des carences très graves par suite des erreurs à répétition de Hamdi Rouïd et il fallait parer aux flottements de ce dernier en incorporant. Amine Abbès, chose que l'entraîneur n'a pas faite. Ceci a coûté le 2ème but du Club Africain et a failli amener l'égalisation à 3 partout par Traoré qui rata de justesse l'interception d'une déviation de Mouihbi dans les six mètres (104'). L'énigme sfaxienne continue de plus belle ! Quoi qu'il en soit le Club Sfaxien n'a rien usurpé méritant largement de disputer une deuxième finale consécutive de la coupe. Les " Noir et Blanc " ont été supérieurs à leur adversaire tactiquement et surtout mieux concentrés que lui. Mais si le CSS n'a rien volé la question qui continue d'être posée sans trouver une réponse totalement convaincante c'est ce double visage de l'équipe. Mitige quand elle se voit disputer un match de championnat et beaucoup plus convaincant quand il s'agissait d'un autre challenge, la coupe ou d'un engagement international, régional (arabe) ou continental. Deux visages sans comme une mesure. Le C.S.S, mine de rien se font battre en championnat en aller et retour à la fois par l'EST et le CA mais trouve cependant les ressources de les écarter de la coupe et à Tunis même. Sa marche jusque-là est rassurante en coupe de la CAF et il n'y a pas lieu de voir les Sfaxiens sur la plus haute marche du podium de cette épreuve après les deux sacres obtenus en 2008 et 2009.