Qu'est-ce qui fait la politique et qu'est-ce qui a changé ? Voilà deux questions qui interrogent ce début de siècle actuel sur la désaffection presque planétaire pour la politique et les élections. L'élection pourtant est l'un des meilleurs outils jamais inventé par l'homme pour assurer le changement politique sans violence. Revenons aux sources ! La politique à son origine était associée à la vie collective de la cité. C'est un phénomène essentiellement urbain mais du temps où la citoyenneté était une revendication et aussi un label du système démocratique. Dans l'antiquité, ni " l'esclave " qui était assimilé à un outil ou moyen de production, ni " l'habitant " qui était un agent économique certes libre mais sans droits politiques de participation, n'étaient à proprement parler, des acteurs politiques. Seul " le citoyen " que la nature a honoré de la liberté et qui avait droit au suffrage c'est-à-dire : élire et être élu, était " l'animal " politique à part entière. Le citoyen pouvait élire ses représentants ou ses gouvernants, mais aussi aspirer au commandement politique en se présentant aux élections . A la base même du phénomène politique la citoyenneté constitue l'honneur de l'individu dans la cité. D'ailleurs l'Empire Romain, après César, en a fait un outil d'intégration des pays conquis. Les habitants de la " Proconsulaire " (Carthage) et d'Egypte ont pu accéder à la citoyenneté romaine en récompense à leur allégeance à Rome. Les Hellènes quant à eux associaient la citoyenneté à la loi. La démocratie était cette combinaison heureuse et raisonnable entre la liberté et l'ordre légal. Seul le Christianisme a donné une prééminence à la liberté individuelle sur l'ordre social, l'individu jouissant d'une certaine sacralité qui met sa dignité, héritée de Dieu, au dessus des pouvoirs sociaux. Mais alors si la citoyenneté et la loi demeurent les références essentielles de la politique et de la démocratie un peu partout dans le monde, qu'est ce qui fait que les gens se désintéressent de la politique et font tout pour l'éviter ? Il faut à notre avis revenir aux anciens pour déchiffrer le phénomène. Les penseurs historiques, de la politique liaient celle-ci à la vertu... oui la vertu ce mot magique qui se rapporte aussi bien à la bonne gouvernance, qu'à la prudence, qu'à la sagesse qu'à la morale ! Il est évident que la vertu ne doit pas handicaper l'action politique ni la prise de décisions parfois douloureuses, ou " injustement immorales " ! La vertu c'est un peu moins que la morale idéale est un peu plus que la prudence et la sagesse. C'est un peu ce qui fait la différence sur un autre chapitre entre la justice et l'équité. Par conséquent c'est la vertu qui permet l'acceptabilité d'un système malgré ses insuffisances et la conjoncture difficile qui l'impose. Si nous appliquons ces préceptes à l'ordre mondial nouveau, à la politique des grands de ce monde, nous verrons que ce qui fait le plus défaut à l'humanité d'aujourd'hui c'est la vertu sans laquelle la liberté n'est qu'un rêve et la loi n'est que contrainte amère. Ce qui se passe en Irak et au Soudan après des élections aussi controversées et dont on ne connaît même pas les résultats réels et ce qui leur manque le plus, c'est une bonne dose de vertu de la part de ceux qui aspirent à la légitimité du commandement !