L'Histoire de l'Homme depuis son apparition sur terre a été celle d'une compétition entre deux instincts : La sûreté et la liberté. La première est liée à la survie ou la conservation du corps et de la vie. La seconde est liée à l'épanouissement et au développement de l'identité individuelle puis sociale. Dans le comportement humain individuel puis collectif tout est conditionné " par le flux et le reflux de ces deux composantes essentielles. Autant la sécurité a presque toujours prévalu sur la liberté, autant cette dernière n'a jamais abdiqué et a survécu à tous les systèmes et tous les âges comme un droit et une ambition. Le système idéal a toujours été perçu par la philosophie politique comme celui qui permet la vie paisible des citoyens au risque de limiter certains de leurs droits naturels, consensuellement bien sûr mais aussi celui qui permet l'exercice des libertés en protégeant ce qui reste des droits humains. Cette image est celle qui a marqué le plus l'Histoire de la Grande Bretagne depuis l'Antiquité jusqu'à son apogée à partir de 1689. Aucun pays, à ma connaissance, n'a autant lié son destin et son identité à la construction de la démocratie libérale, plus que l'Angleterre. Pourtant, cette île dominée par le vent et la pluie n'a pas connu que des temps de paix. Son histoire est jalonnée de conquêtes presque continues depuis le Romains en passant par les Espagnols et surtout les Français dont le dernier Guillaume d'Orange (Guillaume III) a donné à ce pays sa plus belle constitution en 1689 " The Bill of Rights " (La déclaration des droits) pour finaliser et pour toujours son régime parlementaire si prestigieux. Ce qui est remarquable aussi, et sans doute l'humour anglais y est pour quelque chose ! cette construction de la démocratie libérale britannique entamée en 1215 par ce qui est nommé : la Charte Anglaise ou (Magna Carta) a été favorisée par un long et constant " marchandage " entre le Roi et le Parlement. Ce dernier a été favorisé par ce qu'on appelle la révolte des Barons donc de la noblesse, et d'une partie du clergé pour exiger du Roi en échange de leur allégeance à son trône, l'acceptation des lois votées par le Parlement. Le processus va durer plusieurs siècles et le Roi a accepté " magnanimement " de renoncer au pouvoir exécutif et son transfert à la majorité parlementaire et son leadership au Premier ministre, tout en gardant son trône. D'où la fameuse expression " Le Roi règne mais ne gouverne pas ". L'expérience anglaise si spécifique va pourtant donner à la civilisation une de ses plus grandes " trouvailles " : la démocratie ne fleurit qu'avec les sociétés consensuelles où les pouvoirs deviennent complémentaires tout en préservant leurs vocations premières et leurs autonomies fonctionnelles ! Cette petite promenade printanière dans les méandres des îles britanniques nous mène droit aux dernières élections qui ont sanctionné la défaite du " Labour ", le parti travailliste après 13 ans de pouvoir et le retour aux affaires des conservateurs en coalition avec les libéraux démocrates. M. Golden Brown, pourtant brillant économiste, n'a pas pu remonter le déficit engendré par son prédécesseur et artisan du renouveau de son parti M. Tony Blair. Ce déficit est surtout moral parce que la vertu est encore une exigence du peuple anglais et parce qu'au bout du compte, la politique n'est pas seulement un art de plaire essentiellement démagogique. La politique est sanctionnée par les résultats et le " Labour " a payé les erreurs stratégiques de Tony Blair et de sa fougue atlantiste et guerrière. Mais ne nous attristons pas beaucoup sur le sort de M.Brown, le " cabinet fantôme " création bien britannique peut bien un jour le ramener aux affaires ! Mais entre temps il a du temps pour méditer son alignement inconditionnel sur Blair et sa mauvaise politique : les citoyens de sa gracieuse majesté quant à eux n'ont pas l'air d'être malheureux ! Bien au contraire !