Ed Miliband a été élu nouveau leader du parti travailliste britannique, battant de peu son frère David, selon la proclamation des résultats hier à Manchester (nord-ouest de l'Angleterre) où le parti relégué dans l'opposition réunit dimanche son congrès annuel. Ed, 40 ans, a aussitôt serré dans ses bras son frère David, 45 ans, qui était donné gagnant il y a seulement 24 heures. Ed Miliband l'a emporté d'un cheveu, avec 50,65% des voix contre 49,35% pour son frère David, au terme d'une campagne de cinq mois, très marquée par le duel fraternel. Ed, plus novice et plus à gauche que son frère, a notamment remporté les suffrages des membres des syndicats, qui comptent pour un tiers dans le scrutin. Il s'est engagé à tourner la page de l'ère Tony Blair, réformateur du Labour, estimant que le parti a perdu des voix parce qu'il s'est éloigné de ses valeurs traditionnelles. Hier matin, les médias britanniques relevaient qu'Ed Miliband, le cadet, l'emportait dans les paris des bookmakers. Mais ces derniers donnaient David en tête 48 heures plus tôt... Le scrutin, avec trois collèges électoraux disposant chacun d'un tiers des voix (les 160.000 membres du parti, les députés de la chambre des Communes et du Parlement européen, et les membres des syndicats et organisations affiliées) est particulièrement complexe. L'annonce du vainqueur, prévue à partir de 16H45 HT, pourrait s'en trouver retardée. D'autant que plusieurs décomptes interviennent, les voix des perdants étant redistribuées jusqu'à ce qu'un des candidats obtienne 50% des suffrages. Les trois autres candidats, Ed Balls, l'ex-ministre des Ecoles, proche de Gordon Brown, la députée Diane Abbott et l'ex-ministre de la Santé Andy Burnham, n'ont guère de chance de l'emporter, selon les sondages. Battu après 13 ans au pouvoir lors des élections de mai dernier, le Labour est déchiré sur la stratégie à arrêter pour reconquérir le pouvoir désormais occupé par la coalition conservateurs/Libéraux-démocrates. Ed Miliband estime que le Labour a perdu des voix parce qu'il s'est éloigné de ses valeurs traditionnelles. Il a plaidé pendant la campagne pour un parti plus radical, voire "idéaliste". David, qui se positionne comme un pragmatique, a notamment repris à son compte l'engagement du Labour lorsqu'il était au pouvoir de réduire de moitié le déficit budgétaire dans les quatre ans qui viennent. Au risque d'être impopulaire dans la base du parti, désormais vent debout contre l'ampleur et le calendrier des mesures drastiques de réduction des déficits mises en place par le nouveau gouvernement de coalition. Les deux frères s'affirment les meilleurs amis du monde. Quel que soit le vainqueur, il devra presque certainement faire une place au déçu "et ramener le parti vers le centre de l'échiquier politique", a observé Tony Travers, expert politique de la London School of Economics. Pour le politologue, "la Grande-Bretagne est une démocratie centriste". Et "le Labour ne gagnera pas s'il ne se place pas clairement au milieu de l'échiquier politique".