Un cafouillage institutionnel, réglementaire et un secteur «géré» par des pratiques et des forces «invisibles» Face à l'absence de réactions de l'Organisation de défense du consommateur (ODC), les assureurs en Tunisie ont le terrain libre. Début avril, de nouvelles charges (allant de 50% à 100%) ont été additionnées au contrat d'assurances, charges que l'on ne peut qualifier que « d'excessives, de démesurées et d'extravagantes ». On insère dans ces cas multiples au contrat d'assurance voiture une charge d'assurance vie (personne) ou d'assurance maison, sans même informer l'assuré car bien entendu ceci est hors réglementation et contraire aux réglementations du code du commerce qui interdit le refus de vente ou encore la vente conditionnée.
C'est désolant de voir telles pratiques perdurer de nos jours où les slogans sur la transparence administrative, l'amélioration de l'image de l'entreprise et de la qualité relation-client font la « une » des discours officiels et des chefs d'entreprises privées. « Serrer éternellement le client », lui imposer son diktat en profitant de l'absence de compagnies étrangères sur le terrain et face à la sourde oreille de l'ODC :ceci n'est pas encourageant. Aujourd'hui, le contrat (la prime) d'assurance voiture varie entre 600 et 900 dinars en moyenne par an, c'est-à-dire un mois sans salaire pour un cadre tunisien qui est, dans la majorité des cas, endetté par le crédit bancaire d'achat de voiture. Sans aviser à l'avance comme d'habitude l'assuré, les assureurs exercent d'autres pratiques telles que le refus de transfert d'un contrat de véhicule ancien vers un véhicule neuf, la signature, uniquement dans le siège de l'assurance, des contrats avec les propriétaires de camionnettes, de véhicules âgés ou de taxis,... Cependant, l'assureur n'oublie jamais de rappeler à son assuré, 15 jours avant par voie postale, de l'approche de la date de paiement de la prime d'assurance. Des pratiques pareilles font légion encore de nos jours alors que de par le monde, les sociétés étrangères investissent dans l'amélioration des prestations et des services clients afin de conquérir la concurrence. Par ailleurs, et contrairement au rythme d'augmentation des charges qui montent en flèche chaque année, l'assuré bénéficie d'un bonus (une réduction ) « très minime, insignifiante et négligeable » sur son contrat d'assurance pour ses années d'ancienneté et son faible nombre d'accident.
Que répondent les assureurs Le problème souvent évoqué par les assureurs est la question des primes qui ne couvrent pas le risque. Par ailleurs, ce qui motive les décisions de ces assureurs, c'est qu'ils « accusent des pertes énormes à cause des chauffeurs de taxi et des camionnettes », responsables, selon eux, de la majorité des accidents. Il y aurait également « du trafic et des accidents fictifs ». Autrement dit, ils indiquent que le coût des accidents fictifs ne peut être supporté par la commu- nauté des assurés et veulent que l'autorité de tutelle les autorise à pratiquer les prix qu'ils désirent ! Mais ici, si les sociétés d'assurances sont incapables d'enquêter sur les accidents qu'elles reçoivent, ce n'est pas à leurs clients de payer cette défectuosité. Pourquoi faut-ils que les bons conducteurs paient toujours et éternellement pour les autres ? Les assureurs précisent que les accidents fictifs sont dans la majeure partie des accidents corporels qui font l'objet de procès verbaux par la force de la loi et les entreprises d'assurance ne sont pas admises à mener des enquêtes tant que les accidents corporels sont prouvés par les enquêtes menées par les autorités compétentes. En ce qui concerne les accidents matériels dont le nombre dépasse les cent mille, ils soulignent que les entreprises d'assurance sont incapables de censurer leur règlement en attendant le résultat de l'enquête outre le surcoût de l'enquête et la répercussion de l'enquête sur les délais de règlement et l'image de marque des entreprises d'assurance. S'agissant de la prime d'assurance, la plupart des assureurs indiquent qu'elle est fixée par le Ministre des finances qui détermine également le taux de commission des intermédiaires. Certains assureurs, nous ont révélé qu'ils ne peuvent prétendre que les entreprises d'assurance agissent en dehors de la légalité puisque le quota est instauré par l'autorité de tutelle qui, selon eux, « est convaincue de l'insuffisance de la prime qui demeure homologuée et qui doit être libéralisée le moment venu étant donné que le contexte actuel aussi bien interne qu'international (énergie et autres) ne favorise pas la libéralisation de la prime ». Néanmoins, la logique exige que les assureurs fassent bien leur travail et limitent leurs dépenses avant de penser à la solution facile de l'augmentation des primes (comme si elles n'avaient pas augmenté suffisamment ces dernières années). Sauf que les intermédiaires sont eux aussi à plaindre. Nous parlons des agants qui vivent un couteau sous la gorge éternellement placé par la compagnie-mère.