Rachida Triki, curatrice et critique d'art, nous présente l'exposition de La Part du Corps qui réunit une multitude d'artistes venus questionner les frontières du corps. Et voilà que, de la charge affective, intrinsèque au corps, au mécanisme d'identification que veut l'interprétation observatrice, le corps est doublement sollicité. A travers son œuvre, Pascale Weber a mis en question les limites de la perception : deux écrans où défilent en boucle deux vidéos. Les voix se dégagent, s'entremêlent et deviennent son, bruit indéchiffrable. L'attention perceptive se retrouve partagée entre les écrans pour finir par se perdre, cédant la place à une nouvelle lecture. Ici le corps observateur se veut explorateur de ses propres frontières où la limite perceptive s'ouvre sur tout un univers intime, fictif, sans frontières. Une autre œuvre, tridimensionnelle, évoque un cadavre dont la couverture veut dissimuler le visage de la mort mais laisse transparaitre quelques formes. Un acte qui ne fait qu'accentuer l'effet morbide par une réticence dérisoire. Et voilà que ce qui sert à lever l'angoisse devient angoissant. La perception de ce corps qui occupe l'espace environnant pour faire part du réel, ne peut que provoquer une réaction intense et profonde, une synthèse de toute sorte d'émotions : Le désir puissant de toucher dans un acte d'empathie amoureuse, la volonté grivoise de mettre à découvert ce qui se cache sous cette couverture et la culpabilité ahurissante ressentie suite à ce désir de profaner. A travers une œuvre où figurent des images qui évoquent les photos d'identité, Michel Journiac questionne une théorie psychanalytique : le mécanisme d'identification parentale. Cet atavisme qui dépasse la ressemblance physique pour aller jusqu'à déterminer notre façon d'être, d'agir, de penser. Une approche qui veut mettre en crise ce processus réfractaire, incontrôlable, déterminant de la nature de chacun, constituant l'essence de notre être…Une volonté de se surpasser, de se libérer. L'œuvre photographique de Marianne Catzaras est stimulatrice par sa force expressive. Elle active une forme d'identification affective qui met en scène l'observateur et qui finit par déclencher une relation fusionnelle à l'espace représenté. (*) jusqu'au 5 Juin. Ce compte rendu est partiel puisqu'il n'évoque que quatre artistes parmi dix-neuf ont pris part à l'exposition.