Le déroulement de l'opération israélienne laisse les observateurs perplexes. Les Sayeret 13 sont une force d'élite de l'armée israélienne, l'équivalent des commandos marines français ou des Navy Seals américains. Des hommes ultra-entraînés, dotés d'un mental d'acier et spécialisés dans les interventions délicates. Ont-ils commis des erreurs lorsqu'ils ont débarqué de deux hélicoptères en se laissant glisser le long de cordes lisses sur le pont du Mavi Marmara ? Selon un expert membre des forces spéciales françaises, la dimension juridique a été ignorée, puisque l'assaut a été donné à 80 milles nautiques des côtes israéliennes. «En général, une telle intervention n'est jamais lancée à plus de 12 milles nautiques de la terre car on est alors dans les eaux internationales et la convention des Nations unies du droit de la mer interdit ce type d'action. Sauf exceptions, dont la piraterie.» Moyens non létaux Le mode opératoire choisi par les commandos pose aussi des questions. «D'ordinaire, on n'envoie pas les hélicos en premier. On arrive, on tente un détournement du bateau. On approche nos embarcations le long du bâtiment et on somme l'équipage de nous laisser monter à bord», poursuit le spécialiste. En cas d'échec de cette méthode «douce», les embarcations se rapprochent du navire de plusieurs côtés afin de «saturer la défense adverse» et de permettre ensuite aux hommes de monter à bord. «En cas d'échec seulement, on envoie les hélicos et la corde lisse.» Inconvénient de cette solution plus facile, mais délicate à mettre en œuvre : les forces spéciales ne peuvent arriver qu'au compte-gouttes sur le navire. Lundi, une trentaine d'entre eux auraient été hélitreuillés sur le pont supérieur, tandis que l'équipage du dernier hélicoptère a dû renoncer. Que faire ensuite si les commandos sont attaqués par les occupants du navire, comme ce fut apparemment le cas lundi matin ? «Les commandos de marine ont des moyens non létaux pour répondre à des attaques menées avec des haches et des couteaux : balles en caoutchouc, munitions Taser, moyens incapacitants. Jamais on ne tire à balles réelles, sauf quand l'un de nos hommes est dans une situation critique », explique le membre des forces spéciales.