Cette affaire remonte au mois de septembre 2009, période durant laquelle la plaignante, une Tunisienne résidente en France est venue en Tunisie. Arrivée à son domicile, elle a d'abord été étonnée de trouver la porte du jardin entrouverte, c'était peut-être pas grave dans la mesure où la dame à qui elle a loué un studio au rez-de-chaussée l'a peut-être oubliée ouverte. Elle a voulu accéder par la porte arrière de la cuisine, elle l'a également trouvée ouverte. Il n'y avait plus de doute : son domicile a fait l'objet de visites par des intrus, pensa-t-elle. Une fois à l'intérieur, elle a été stupéfaite. Il manquait des bijoux de valeur dont un pendentif orné de diamants. Dans sa chambre à coucher, les tiroirs étaient béants. Les voleurs ont mis la main sur les sommes de 4000 Dinars et 4200 Euros qui s'y trouvaient. Il manquait également un appareil photo ainsi qu'un téléphone portable. Ce qui est quand même étonnant c'est contrairement aux comportements des victimes dans ce genre de situation, elle n'a pas jugé utile d'aller de suite déposer une plainte. Elle a préféré patienter ou peut-être mener sa propre enquête. La dame avait fait connaissance avec la locataire du studio ainsi qu'une amie à cette dernière. Elle les chargeait à chaque fois où elle rentrait en Tunisie de vendre à des amis les vêtements qu'elle amenait de l'étranger contre une commission pour laquelle elles convenait d'avance avec eux. Au fil des jours, un désaccord est survenu entre elles ; ce qui a altéré leur relation et a amené la dame à couper court et de ne plus recourir à leur service. C'est au cours d'une des visites effectuées au domicile de la dame que les deux amies ont subtilisé la clé de la porte principale de la maison, dont elles ont fait faire le double Un mois après la découverte du vol de son domicile la dame s'est finalement décidée à porter plainte. C'est donc à partir de ces données que les enquêteurs ont entamé la procédure d'usage à savoir, la convocation des deux jeunes dames. Interrogées, elles s'étaient accusées mutuellement. Lors de l'enquête, les agents de police ont pratiqué une fouille au domicile de l'une des deux inculpées. Ils ont trouvé dans la chambre à coucher un sac plein de vêtements ainsi que le double de la clé de la porte principale de la maison de la plaignante. Interrogée au sujet de cette clé, elle a déclaré que c'est son amie qui lui a apporté le sac des vêtements destinés à la vente et l'a priée de le garder chez elle le temps de s'expliquer avec la propriétaire. Elle a déclaré que c'est elle, dans l'intention de l'accuser de ce vol, qui lui a mis le double de la clé dans le sac afin de constituer une preuve inéluctable pour l'incriminer. La deuxième inculpée a nié totalement avoir commis le vol. Elle a dit qu'elle n'a aucune idée sur le double de la clé et qu'elle était en désaccord depuis assez longtemps avec la plaignante et qu'elle n'a rien à voir dans cette histoire. Il s'agissait pour les enquêteurs d'une énigme. Y avait-il eu réellement vol. La plaignante était-elle en dehors de tout soupçon ? Les deux jeunes dames ont été traduites en état d'arrestation devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis accusées d'avoir commis le vol à l'intérieur d'un domicile en utilisant un double de clé de la porte principale. Interrogées par le juge chacune des accusées essayait de se disculper. La deuxième a même déclaré qu'elle était surprise quand les policiers sont venus chez elle, accompagnés de la première inculpée. Les policiers se sont dirigés directement vers sa chambre à coucher pour prendre le sac. Ils l'ont fouillé et ont trouvé le double de la clé. Elle était étonnée car peu de jours avant, la première inculpée lui avait remis le sac. Deux avocats se sont relayés pour essayer de convaincre les juges de l'innocence de leur cliente en déclarant qu'elle ne pouvait en aucun cas être au courant de l'existence d'un double de clé. Les rapports étaient coupés depuis longtemps avec la plaignante. Faute de preuve et devant l'impossibilité de déterminer la responsabilité de chacune des deux accusées et devant le doute réel, les deux avocats ont demandé l'acquittement. La clé source d'énigme, n'a pas été trouvée chez elle plutôt chez la deuxième inculpée. Or rien dans le dossier n'indique qu'elle pourrait être soupçonnée de quoi que ce soit. L'avocate a demandé au tribunal de prononcer l'acquittement. Après les délibérations, les deux inculpées ont été condamnées chacune à une peine de deux ans de prison assortie du sursis. Le juge les a mises en garde contre toute récidive.