Les événements qui viennent de se produire au large de Gaza, ont vu les réactions d'un ensemble d'intervenants, dont les finalités n'étaient pas souvent identiques. En effet, certains ont «déploré profondément», ou «regretté» les morts. D'autres se sont dits «préoccupés» par une intervention «à première vue » disproportionnée, d'autres, enfin, ont déclaré, qu' « il est possible de discuter de la réaction israélienne» (sic).Seule la France a condamné le modus operandi de l'opération au large de Gaza, effectuée, rappelons le, dans les eaux internationales. Mais tout ceci ne doit pas nous étonner, nous, Monde Arabe et Musulman, dans la mesure où déjà, lors des événements de Jénine en Avril 2002, ou Gaza en Décembre 2008 et Janvier 2009, nous avions réellement compris, enfin, la valeur qui était la nôtre au sein de la majorité des Gouvernements Occidentaux, chaque fois que l'on était confronté à une agression israélienne. Cette valeur se résumait, mathématiquement, à un ensemble vide, c'est-à-dire à rien, ou presque. Toutefois, cette tiédeur des réactions occidentales, possède, entre autres causes, la faiblesse de l'action de la Ligue Arabe. En effet, pendant ces événements, a-t-on vu l'Ambassadeur de la Ligue Arabe, à Paris, par exemple, faire une interview ou une déclaration quelconque, de même pour Bruxelles, siège de l'UE ?Que font- ils pour tenter de changer la vision des Européens par rapport au problème palestinien ?Rappelons que c'est, malheureusement, grâce aux morts de ces derniers jours, qu'un grand nombre d'Européens a appris que Gaza était, encore, sous le blocus israélien. Cette information aurait dû être connue par le plus grand nombre de citoyens en Europe ou aux Etats-Unis, mais malheureusement, il semblerait que la propagande israélienne, soit plus efficace que l'action des Représentants de la Ligue Arabe, et ceci confirme ce que nous avions toujours, en toute modestie, affirmé, à savoir que la Ligue a perdu la Guerre qu'il ne fallait surtout pas perdre, celle de l'image et des medias. Mais s'en-est elle donné, réellement, les moyens, puisque pour en revenir à l'opération de Gaza, seule la Déléguée Générale de Palestine auprès de l'UE, Leila Chahid s'est exprimée. En revanche, et à notre connaissance, aucun Ambassadeur de la Ligue n'est intervenu, pour dénoncer l'acte ignoble et lâche de piraterie des Israéliens, et profiter de cet événement pour dénoncer les atermoiements continus d'Israël face aux exigences légitimes du Monde Arabe. Pour ceux qui douteraient de l'indigence de la Ligue Arabe en termes stratégiques, rappelons que, pratiquement, tous les responsables humanitaires ou politiques connus, dans le monde y compris le SG de l'ONU, Ban-Ki Moon, ont rendu visite à Gaza, seul le SG de la Ligue Arabe ne l'a pas fait. Bien sûr, nous ne sommes pas dupes, il y a le problème de Hamas, et ses liens avec l'Iran, qui entrent en jeu, mais comment veut-on attirer l'attention sur cette tragédie, si on ne fait rien de visible aux yeux de la Communauté Internationale et, particulièrement, des Occidentaux. Il y a une vingtaine d'années, pour ceux qui comme moi, étaient encore étudiants, l'Ambassadeur de la ligue Arabe à Paris, était Tunisien. Il s'agissait de feu Hammadi Essid, devenu, très rapidement, la coqueluche des médias français, et la terreur des défenseurs éternels d'Israël, quelles qu'en soient la lâcheté ou l'ignominie, car sur un plateau de télévision, ils se faisaient tourner en ridicule par leurs propres arguments. Hélas, aujourd'hui ce temps est bien loin, et le faible niveau de représentation actuel de la Ligue Arabe en Europe ou aux Etats-Unis, laisse un espace médiatique totalement libre face à la propagande israélienne, qui, efficacement relayée sur place, façonne alors les événements à son avantage absolu. Nous pensons, sincèrement, que les derniers événements, doivent faire prendre conscience à la Ligue Arabe, que si elle ne change pas de stratégie, en termes de représentation et d'intervention médiatique, particulièrement dans les pays occidentaux, alors elle tendra vers ce que nous redoutons tous, c'est-à-dire une lourde machine bureaucratique, sans envergure et surtout, sans aucun poids politique déterminant pour défendre les aspirations actuelles du Monde Arabe. Skander OUNAIES, Maître de conférences Ancien conseiller économique auprès du Fonds Souverain du Koweït (KIA).