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Au secours, elle fout le camp…
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Publié dans Le Temps le 13 - 06 - 2010

Je n'abuserai pas de votre repos dominical pour vous soûler avec les richesses de la Reine Bilqis (La Reine de Saba de la sourate 27 du Coran) qu'un excellent documentaire « Alerte au pillage des royaumes de Saba » de Karel Prokop, diffusé dimanche dernier par la chaîne franco-allemande Arte – dans l'attente de la chaîne culturelle franco-arabe qui aurait dû démarrer de Beyrouth -, a montré d'une façon qui vous prend dans les entrailles et les méninges à la vue rien que des champs troués à perte de vue…
On dirait l'œuvre d'un régiment de taupes maraudeuses ou un décor d'un film surréaliste alors que ce ne sont que les cratères menant aux trésors de toute sorte cachés dans les entrailles de la terre depuis la nuit des temps. Ce patrimoine qui fit parler Ancien Testament et Coran, titiller l'imaginaire des conteurs populaires et des producteurs d'Hollywood, l'Etat du Yémen est incapable de sauvegarder et ce pour une raison, vue de chez nous, paraît toute balourde. Ces tribus du « Jouf » épaulées de Kalachs et ceinturées de « janbiya », jouent sur deux cordes entre le Yémen et l'Arabie Saoudite et n'ont aucune notion – ne parlons pas de respect – de ce qu'est un Etat. Vous connaissez sûrement cet adage enfantin qui dit « ce qui à la terre appartient, à nul personne on ne lui dit tiens ». Les tribus yéménites croient dur comme fer que ce que leur terre abrite, ils ont en l'usufruit de quelque façon qu'ils le veuillent. Et l'Etat n'a pas à se mêler de ce qui ne l'intéresse pas… Et vous voilà enferré dans un trafic où personne ne se mouille même si tout le monde y trempe alors que les marchands d'art étrangers se lèchent les babines… Imaginez que certains musées du Yémen achètent à l'étranger et en devises des pièces que l'Etat est incapable de garder sur son sol…
Non, ce n'est pas de ce crime contre la mémoire d'un pays, d'une culture que je vais vous causer en ce jour de repos du Seigneur… D'ailleurs, entre nous soit dit, je ne suis ni Yéménite, ni archéologue, pas même un minus marchand d'art et même pas un parent très éloigné de la lignée de la Reine de Saba. Alors de quoi je me mêle ! Si à chaque fois qu'un programme télé me donne de l'urticaire, je vous communique l'envie de vous gratter, nous ne sommes pas sortis de la mélasse… Il y a de par l'univers télévisuel des causes et des causes qui ne nécessitent pas seulement des pages Facebook, mais une campagne intergalactique. Imaginez que, selon une de ces chaînes qui militent pour le respect de l'environnement, on a remarqué la disparition graduelle des abeilles. Si c'est vrai, et sans même penser à la pollinisation des fleurs du Belvédère, bonjour le petit déjeuner sans tartines de miel…
Non, soyons sérieux. Je ne vais pas vous bousiller votre dimanche…
L'architecture coloniale
Ce dont je veux vous causer est bien de chez nous, d'ici, de cette terre qui prend pied dans le continent africain et tient la tête du nord de l'Afrique (le Maghreb arabe). Elle prend sa respiration en Orient arabe et n'a jamais cessé de loucher vers l'Europe… C'est dire que, grâce à la géographie, nous occupons les quatre points cardinaux…
Le 12 du mois dernier, une date funeste est passée par la trappe. C'est celle du traité du Bardo de 1881, celui qui installe le Protectorat dans notre pays… De 1881 à 1956, soixante-quinze années d'occupation française « franche » avec auparavant dès le XVIe siècle, incursions et influences européennes directes et indirectes se sont succédé… Tout ceci n'est pas parti en fumée d'un coup de baguette magique un certain 20 mars 1956… Comme toute colonisation, la colonisation française a laissé des traces… Ces traces - nonobstant le caractère hideux, abominable, ignoble laid et abjecte de toute forme de colonisation y compris le protectorat français sur notre pays – ne sont pas toutes négatives et de ce fait, elles font désormais partie de notre mémoire, de notre personnalité, de notre environnement, et de ce fait il est de notre devoir de les préserver…
De ces traces, l'architecture urbaine en est la plus importante parce qu'elle conditionne notre quotidien… Qui de nous n'a jamais levé un jour sa tête ou n'a remarqué en se promenant dans certains quartiers de nos villes une décoration sur la façade d'un immeuble, une cariatide qui soutient un balcon, une couronne de lauriers césarienne sur le fronton d'une porte, l'ornementation d'une porte cochère ou les rampes des escaliers ou…. ce qu'il en reste de tout ceci à la fois… Même à l'intérieur de nos appartements, la disposition de l'espace emprunté à celle européenne (chambre à coucher, salle de bains, toilettes, etc.) conditionne notre vie…
Styles et oubli
Et malgré quelques efforts louables d'associations et de certaines municipalités, toute cette architecture fout le camp, tombe en désuétude, en lambeaux, en frites, se décompose, s'enrouille et choit… Des fois, un pan de la décoration d'un balcon colonial chute d'un coup sur le trottoir suscitant la réprobation silencieuse des passants… D'autres fois, le paravent d'une porte qui a perdu ses vers colorés présente ses fers comme un squelette d'un fantôme farceur… Des tas d'immeubles de style colonial présentent d'après une étude de Chiraz Mosbah «5 tendances artistiques selon différentes périodes : le style éclectique (1881-1900), qui se ramifie par la suite en style art nouveau (1900-1920) et art déco (1925-1940) inaugurant les temps de la modernisation sur le territoire de la Régence tunisienne. Parallèlement et dans le même esprit, le style néo-mauresque (1900-1930) et enfin le style moderniste (1943-1947). » (La Tunisie, un héritage colonial menacé. in Qantara. N° 58/2006)…
Toute cette richesse est en train de disparaître sous nos yeux et avec notre consentement… Contrairement au Yémen où la richesse est exportée clandestinement, chez nous, cette richesse est oubliée consciemment, indistinctement… Car outre sa part – même infime – dans notre personnalité collective, elle représente un capital culturel et touristique dont nous ne devons nullement nous défaire, capital qui pourrait même, avec un brin d'imagination, être source de revenus… Pourquoi n'y pensons nous pas, à part quelques touchés au citron ?


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