Demain, se dérouleront à l'hôtel El Mechtel de Tunis, les élections du bâtonnier et des membres du Conseil de l'ordre des avocats, six candidats se sont présentés pour le bâtonnat et une trentaine pour le Conseil de l'Ordre. Après Me Charfeddine Dhrif et Me Abdeljelil Bouraoui, candidats au bâtonnat, nous invitons Me Brahim Bouderbala. Agé de 58 ans, il a occupé le poste de président de l'Association Tunisienne des jeunes avocats (ATJA) de 1983 à 1985 et a été élu membre du Conseil de l'Ordre des avocats en 1989 et 1992 et président de la section de Tunis à deux reprises en 1995 et 1998, candidat à l'élection du bâtonnier il se présente comme professionnel et indépendant et nous parle ici des grandes lignes de son programme électoral. Interview. • Le Temps : Comment jugez-vous la situation de la profession actuellement ? -Me Brahim Bouderbala : La profession vit une véritable crise. Nous avons à maintes reprises souligné que l'avocat et l'avocatie vont sombrer dans une crise profonde et c'est ce qui s'est passé. • C'est votre pronostic, mais quels sont les remèdes à cette crise ? -Il nous faut avant tout penser à la situation en nette détérioration des jeunes avocats en n'oubliant pas que la profession emploie plus de 5000 diplômés du supérieur pendant ces dix dernières années. Ces jeunes diplômés lorsqu'ils commencent à exercer, rencontrent d'énormes difficultés morales et matérielles. A savoir, un encadrement insuffisant, des moyens limités pour pouvoir exercer convenablement son métier. Des revenus en deçà du seuil de pauvreté. • Mais, concrètement, qu'est-ce que vous proposez pour remédier à cette situation ? -Consolider, renforcer et promouvoir l'encadrement du jeune avocat et la création de centres d'encadrement répartis sur l'ensemble des régions qui organisent périodiquement des séminaires de formation et de recherches. En ce qui concerne la situation matérielle il faut répartir équitablement l'opération de désignation d'office de l'avocat et créer des modalités de solidarité et d'entraide entre les avocats sans toucher à leur dignité. • Et pour améliorer la situation en général de l'avocat? -L'avocat, dans l'exercice quotidien de sa fonction rencontre d'énormes difficultés notamment une perte de temps considérable due à la mauvaise fixation de l'heure des audiences aux tribunaux... les relations, souvent tendues avec les secrétariats des tribunaux, avec l'administration et avec les services fiscaux. Pour remédier à ces problèmes, je propose l'élargissement du domaine d'intervention de l'avocat, l'amendement de la loi organisant les sociétés d'avocats et l'intégration de l'avocatie dans la vie économique. Aujourd'hui, pour remédier à la situation catastrophique de la profession, il nous faut procéder à des réformes de fond notamment de l'amendement de la loi organisant la profession qui ne répond plus aux attentes des avocats ni à la situation actuelle avec l'augmentation considérable du nombre d'avocats. A cet effet, il faut la constitution de nouvelles sections au niveau des cours d'appel. La séparation des prérogatives entre le conseil de l'ordre et les sections. L'élection des membres du conseil de l'ordre au niveau des cours d'appel et aussi l'amendement de l'article 46 pour y introduire l'immunité de l'avocat dans l'exercice de sa fonction et l'immunité de son cabinet. Il faut aussi instaurer une loi pour éradiquer le phénomène du courtage qui nuit à la profession. En ce qui concerne la caisse de retraite et de prévoyance, je propose la constitution d'une commission permanente de contrôle de la gestion financière de cette caisse. Enfin, je promets, si mes confrères me donnent leur confiance, d'agir avec la participation de tous les avocats pour amender le règlement intérieur de la profession. Interview réalisée par Néjib SASSI