L'inculpé dans cette affaire est un quinquagénaire. Il était chef de service dans une société. Il accomplissait son travail avec abnégation jusqu'au jour où ses supérieurs hiérarchiques lui ont confié la gestion financière de l'entreprise. Il accomplissait parfaitement son travail. Mais au fil des jours, il a décidé de construire une maison dans un lot de terrain qui lui appartenait et qu'il a acquis depuis de longue date. Il a pu bénéficier d'un crédit bancaire. Les travaux de construction avançaient à grands pas mais le montant du crédit accordé par la banque n'était pas suffisant. Il fallait se procurer de l'argent. Il a essayé plusieurs fois d'obtenir un complément de crédit, mais toutes ses tentatives furent vaines. Profitant de sa situation, il a abusé de la confiance placée en lui et s'est octroyé des sommes allant jusqu'à vingt cinq mille dinars en utilisant de fausses signatures de responsables. Il libellait des bons de commandes pour des achats, falsifiait les signatures des responsables demandeurs et comme c'est lui qui est responsable du contrôle des dépenses, l'opération passait inaperçue. En effet, personne n'a pu s'apercevoir de ces opérations frauduleuses. Une fois la construction terminée, le quinquagénaire avait un problème de conscience. Il était trop honnête pour qu'il puisse se permettre de camoufler la chose ou se taire devant son propre forfait. Il fallait qu'il prévienne ses supérieurs et retrouver le sommeil. Et c'est ce qui s'est réellement passé. Un jour il s'est adressé au premier responsable de la société, lui a fait part de son récit et lui a demandé de lui accorder du temps pour qu'il puisse s'acquitter envers la société du montant de vingt-cinq mille dinars qu'il s'est octroyé frauduleusement. Après avoir conclu un accord avec la société, il a pu grâce à l'aide de quelques membres de sa famille rembourser le montant. Mais entre-temps le conseiller juridique de l'entreprise a confié le dossier aux auxiliaires de la justice qui ont ouvert une enquête. Il a été traduit devant une chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis où il a été condamné à une peine de deux ans de prison, mais conscient que l'inculpé n'est pas criminel, le juge lui a accordé le sursis. Il lui a par contre infligé une amende égale au montant dérobé. Il a fait opposition et l'affaire a été de nouveau traitée par la cour d'appel. L'inculpé qui s'est présenté en liberté a expliqué aux juges ses regrets et le fait qu'il avait informé en personne ses responsables et aussi tout ce qu'il a pu endurer pour pouvoir rembourser la somme, il a demandé la clémence d la cour. Après les délibérations, la cour a confirmé le jugement de première instance, soit deux ans de prison avec sursis en supprimant toutefois l'amende. Le quinquagénaire va certainement retrouver le sommeil.