Cadre au sein d'une compagnie aérienne, M était chargé des multiples dépenses et les frais exigeant un payement cash. Il avait sous sa responsabilités des agents qui établissaient les bons de commande avant de les lui présenter. Au vu de ces bons de commande M assure les différents paiement en remettant les sommes dues à ce titre à ses agents.A chaque opération les agents remettent à M des factures qui seront classées comme pièces comptables. M a toujours assumé ses responsabilités avec abnégation. Durant trente années de service, il a toujours fait preuve de bonne conduite. C'est par un concours de circonstances, qu'un fait inhabituel s'est produit. M était en train de construire une maison dans la banlieue. Il a demandé et obtenu deux prêts bancaires d'une banque de la place, contre un prélèvement automatique et mensuel de son salaire. Cela coïncidait avec une période durant laquelle M était dans une extrême nécessité. Quelle mouche l'a -t-elle piqué pour que d'une honnête personne travaillant dans le cadre de la loi, M choisit de dériver et de commettre l'irréparable. Habitué à recevoir les bons de commandes, il en a libellé quelques-uns et les présenta à ses agents, après avoir imité les signatures des donneurs de commandes. Ce fut de cette façon qu'il a pu détourner à son profit des sommes d'argent exorbitantes. En l'absence de contrôle rigoureux, M trouva le champ propice, et continua à agir de la sorte. Ces opérations frauduleuses ont duré une année. Une année durant laquelle M a agi en toute quiétude sans que personne ne put s'en apercevoir. Il a pu détourner la somme totale de 18000 dinars. Dans une longue lettre adressée à son patron, il a avoué son forfait. Il a expliqué toute la procédure qu'il avait utilisée pour camoufler ses opérations frauduleuses. Il a également expliqué qu'il a agi inconsciemment. Il a déclaré en outre qu'il était prêt à accepter toutes les conséquences qui pouvaient en résulter. Pour montrer sa bonne foi, il a déclaré également qu'il était prêt à rembourser la somme. A la suite d'une enquête établie par l'inspection de la Compagnie et le concours d'un expert assermenté ce détournement de 18000 dinars par M. a été établi et confirmé. Pour prouver sa bonne foi, M a en effet remboursé à la compagnie, la somme détournée. Il a été traduit devant le conseil de discipline. Eu égard au fait qu'il a avoué lui-même son forfait et vu le nombre d'années qu'il avait passés dans la compagnie, le conseil de discipline lui a infligé deux mois de mise à pied et une dégradation administrative. Après avoir purgé sa mise à pied, il a repris son service en pensant que l'affaire a été classée. A la fin de l'année et lors de l'établissement du bilan annuel avec le concours du représentant de l'autorité de tutelle, le cas de M a été soulevé une autre fois, et son dossier a été soumis au parquet. Inculpé d'abus de confiance, M a comparu en liberté devant la chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis. Devant le juge M a relaté de nouveau toutes les péripéties de cette affaire. Il a déclaré au juge qu'il a eu une prise de conscience et qu'il a profondément regretté son acte malhonnête. Il sollicita la clémence du tribunal d'autant plus que c'est de sa propre initiative qu'il avait décidé d'avouer spontanément son forfait. Son avocat a plaidé les circonstances atténuantes pour son client. Après les délibérations, le tribunal suivit la thèse de la défense en condamnant l'accusé à une peine de deux ans de prison assortie du sursis.