A l'occasion de l'édition de l'ouvrage «Muhammed Ali à Berlin», une étude faite par Gerhard Höpp, complétée et éditée par Joshua Rogers et Kathrin Wittler, l'association Friedrich Ebert Stiftung a organisé une conférence au cours de laquelle l'œuvre a été analysée. Le livre, a ainsi été présenté par Joshua Rogers, chercheur en Allemagne tandis que Mohamed Lotfi Chaïbi a retracé le parcours de Mhamed Ali El Hammi en tant que leader syndicaliste. Le personnage suscite en quelque sorte une certaine polémique. Il a été officier de l'armée, mais on le dit également chauffeur. Or il appartenait au service automobile et mécanique du Parc de l'armée turque. Syndicaliste, il est tout aussi nationaliste à orientation panislamique. Cette tendance, transmise au leader par Anouar Pacha et Ali Bach Hamba, desquels il était proche, consistait en fait dans la solidarité entre les pays musulmans dans leur quête d'indépendance et leur combat contre les colonisateurs. Anouar Pacha qu'accompagnait Mohamed Ali Hammi à Berlin a d'ailleurs fondé une organisation en 1914 fomentant les opérations militaires dans les pays colonisés. A son arrivée à Berlin en 1918, Hammi était alors bien instruit sur le plan militaire et faisait partie du Mouvement des Jeunes Tunisiens. Une appartenance qui prouve son penchant panislamique puisque la mouvance s'étendait sur tout le territoire Ottoman. « Les jeunes » de différents pays de l'Orient et du Maghreb, collaboraient et s'organisaient entre eux. Le syndicaliste a également fait partie du Club d'Orient dont l'inauguration s'était faite chez lui. A Berlin, il s'inscrit dans l'université, et en même temps approfondit ses connaissances syndicalistes. On le verra en 1924 à la naissance du syndicat en Tunisie, là où il y avait des ouvriers. Les historiens avancent ainsi que derrière le projet socio-économique du syndicaliste, il y avait bel et bien un projet politique. Sa lutte pour l'indépendance a fait de lui le nationaliste qui a envoyé 40 lettres à Thâalbi dans lesquelles il lui parle du fonctionnement du Nouveau Destour tout comme de ses préoccupations économiques. Les spécialistes affirment que Hammi avait beaucoup de flair politique et d'audace. Il fut un organisateur au sein du Club d'Orient, mais également un réformiste et un activiste.