Le Temps-Agences - Moscou respirait enfin un peu hier, la fumée s'y étant en partie dissipée, mais les incendies continuaient de faire rage en Russie, notamment près de sites nucléaires, alors que la pays évaluait ses pertes économiques et humaines en raison de la canicule. Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, fidèle à son image d'homme d'action, a été filmé à la place du copilote dans un bombardier d'eau, procédant aux largages qui ont permis d'éteindre deux incendies près de Riazan (200 km au sud-est de Moscou). Après quelques "instructions éclair", il "a dirigé aussi bien la prise d'eau que le largage sur les forêts en feu", s'est extasié l'agence Ria Novosti. Les incendies continuaient par contre aux environs d'installations stratégiques, dont le centre nucléaire de Sarov (500 km à l'est de Moscou) où sont fabriquées des armes atomiques, a annoncé hier une cellule ce coordination régionale. Deux militaires y sont morts en luttant contre le feu. Près de 500 hommes étaient mobilisés pour préserver un autre centre d'armement nucléaire à Snejinsk, dans l'Oural (1.500 km à l'est de Moscou), selon le ministère des Situations d'urgence. Les autorités avaient aussi révélé lundi avoir décrété l'état d'urgence autour du centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Maïak, dans la même région. Après près de deux semaines d'incendies qui ont fait 54 morts et détruit notamment deux bases militaires près de Moscou, les feux s'étendaient toujours sur une surface de 175.000 hectares à travers le pays. Le ministère des Situations d'urgence a néanmoins fait état d'une réduction du nombre de feux. "Nous continuons d'observer une tendance positive", a déclaré Vladimir Stepanov, haut responsable au ministère, précisant que les feux des tourbières à l'origine de la fumée nocive qui enveloppe la capitale russe depuis plusieurs jours ont aussi diminué. La qualité de l'air s'est améliorée à Moscou, le taux de monoxyde de carbone étant 1,4 fois supérieur au seuil d'alerte, contre 2,2 fois la veille. Les autorités n'ont par contre toujours pas fourni de bilan global de la canicule frappant la Russie depuis six semaines, alors qu'un responsable de la mairie de Moscou a reconnu lundi que la mortalité avait doublé dans la capitale. De son côté, le président Dmitri Medvedev a rejeté lundi les critiques sur la mauvaise préparation du pouvoir face à l'ampleur d'une catastrophe pourtant prévisible au regard de la sécheresse et de la chaleur. Il a cependant critiqué l'action de certains fonctionnaires, ce qui a conduit au limogeage hier du chef du département des forêts de Moscou et sa région, ce dernier n'ayant pas interrompu ses vacances malgré les incendies. Les regards se sont aussi tournés vers le maire de Moscou, Iouri Loujkov, tout bronzé, qui n'est rentré de congés que dimanche et a aussitôt été convoqué par Vladimir Poutine.