S'il est un fruit dont la flambée des prix ne connaît pas de trêve, c'est bien le citron. Cet élément est en effet essentiel pour aider à la digestion, et les méditerranéens pressent son jus acidulé sur la soupe, les bricks et les grillades depuis de nombreuses générations. Servi sous forme de jus, il permet, le soir, de rafraîchir les corps asséchés par le jeûne et la canicule. Or chaque été, son prix flambe et cette année, il bat tous les records : 2D400 le kilo pour une qualité très moyenne, avec des citrons durs et qui contiennent peu de jus. Le marchand, voyant ses clients hésiter, annonce « dans quelques jours, le citron sera à trois Dinars, alors profitez-en maintenant… » En attendant, c'est lui qui profite à fond de la situation. Résultat : les pères de familles qui ont peu de moyens ne peuvent acheter que deux ou trois citrons, s'attirant un regard noir du vendeur lorsqu'ils demandent une si petite quantité. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle ils préfèrent souvent se rendre dans les grands magasins où ils ont la possibilité d'acheter ces fruits à la pièce, bien que les prix y soient encore plus prohibitifs. Autre lieu, autres mœurs : dans un café huppé du quartier Ennasr, où tous les jeunes vont se rencontrer et se faire arnaquer, le serveur insiste pour que l'on consomme une citronnade maison, garantie pur fruit. La plupart des clients acceptent, pensant boire une boisson naturelle. Or ne voilà-t-il pas que ces jus se révèlent être des produits chimiques… En effet, en sortant de ce salon de thé, on a trouvé des sachets de poudre qui servent de base pour la confection de ces soi-disant citronnades pur fruit. Un produit vendu par certains commerçants, sans aucune précision sur l'origine, le contenu réel, les produits conservateurs, la dose d'eau qu'il faut ajouter… Un vrai scandale se joue ainsi autour de ce beau produit naturel bon pour la santé ! Durant le mois de Ramadan, ce n'est pas le citron qui est pressé, c'est le pauvre citoyen !