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La dure loi du marché
Couffin de la ménagère
Publié dans Le Temps le 17 - 07 - 2009

Marché central de Tunis. Milieu de semaine. Huit heures du matin... Les marchands de légumes, les bouchers et autres poissonniers rangent leurs produits en retenant avec beaucoup de peine un bâillement las. Pas faciles les réveils après les nuits caniculaires de l'été. Une fois les fruits, légumes et autres poissons sagement rangés, ils se voient accoler des écriteaux rapidement blanchis à la craie signalant les prix en cours ce matin.
Les premiers clients sont déjà là aussi, plutôt âgés, appartenant aux milieux modestes, mais paraissent difficiles à satisfaire. D'une main experte, ils tournent et retournent fruits et légumes avec un petit air méfiant, au grand dam des commerçants. Ce qui gène cette clientèle, ce sont les prix... Cette vieille dame trouve les fruits trop chers : "je ne comprends pas où ils vont avec ces tarifs de plus en plus élevés... Je n'ai que la pension de mon défunt mari pour vivre et elle fond en quelques jours sans que je sache comment."

Fruits amers
En effet, les prix des fruits ont flambé cette année : 1,800D pour les prunes, autant pour les pommes et les figues, 1,495D pour les pêches rondes et 5,175D pour les pêches plates ! Quand on sait que la moitié de ce fruit est constituée de peau et de noyau, on se retrouve avec dix Dinars de pulpe pure... Quant aux bananes, elles ne sont pas descendues au dessous de 2,300D depuis plusieurs semaines...
Mais au-delà des prix, il y a l'arnaque des marchands dont se plaint un client aussi âgé que vindicatif : "ils placent les plus beaux fruits sur la devanture et ils vous servent les plus pourris, ce que l'on appelle le fond du cageot, en douce, les jetant avec dextérité dans le paquet en papier opaque, afin que vous n'y voyez que du feu. Le fait même de jeter les fruits sur la balance contribue à la faire pencher rapidement." Fin observateur ce client, car nous avons pu constater ses propos auprès de plusieurs marchands.
Leur excuse ? Un vieux routier du marché central nous l'explique en ces termes : "j'achète les fruits au marché de gros de Bir El Kassaâ dès l'aube, et je n'ai pas le temps de vérifier tous les cageots. Or les producteurs, les fellahs, placent parfois les plus beaux fruits au dessus, recouvrant ceux qui sont écrasés, aigres, pas très mûrs... Moi je suis obligé d'acheter, puis de revendre cette marchandise telle quelle. Qu'ils cessent de tricher et personne ne sera lésé..."
Côté légumes, les choses se passent mieux car les produits que l'on consomme le plus en été, comme les tomates, l'oignon, les piments et autres concombres sont à des prix raisonnables : entre 400 et 600 Millimes le kilo. Seules les pommes de terre atteignent des sommes importantes, avec 750 Millimes en moyenne, elles restent chères de l'avis de la plupart des clients. Ils se sont également plaints du prix des salades, autour de 600 Millimes, mais surtout du prix du citron qui dépasse allègrement les deux Dinars. Il paraît que c'est "comme ça chaque été, la citronnade fait flamber leur prix" selon les dires du marchand, qui n'en a pas vendu beaucoup depuis ce matin.
Le prix des viandes de bœuf et d'agneau, lui, varie peu, mais il reste assez élevé pour la plupart de ceux que nous avons abordé. Tel ce fonctionnaire qui profite de sa pause café pour tenter d'acheter un kilo de viande, car dit-il "j'ai des invités de marque et je dois acheter de la viande de qualité, quel qu'en soit le prix." Et c'est vrai qu'à 12 Dinars le kilo, c'est lourd pour un budget limité...
L'allée de la viande blanche est celle qui semble la plus sinistrée, celle en tous cas qui est la plus désertée par les clients. A quatre Dinars le kilo de poulet 7,200D l'escalope, il y a de quoi hésiter. L'un des commerçants explique la situation en ces termes : "vous avez sûrement entendu parler de la montée excessive du prix des matières premières à l'échelle mondiale et bien sûr cela se répercute sur les prix"
En outre, ajoute notre marchand, un autre problème s'est posé récemment : " depuis que la vente du poulet vivant est interdite, nos clients sont devenus plus méfiants. Ils posent des questions pour savoir si les poulets sont frais, s'ils ont été tués selon le rite musulman, eux qui avaient l'habitude de choisir les poulets vivants et de profiter de leur fraîcheur. "

Poissons bourrés
Côté poissonniers, on commence par être assourdi par les cris des marchands, avant d'être assommé par les prix. Le rouget est à 16,800D, les chevrettes minuscules varient de six à dix Dinars, le mérou est à près de 20 Dinars et le thon pas loin de dix. Même les sardines et les maquereaux ont doublé de prix : 2,500D et 6,500D le kilo, alors que l'on est en pleine saison du poisson bleu. Explication du poissonnier : "il y a de moins en moins de poisson et il faut toujours aller plus loin pour le pêcher, en plus du prix du mazout qui a beaucoup augmenté ces dernières années..."
Côté arnaques, les poissonniers ne se privent pas non plus d'arnaquer le client peu averti. Il y a quelques années, des contrôles inopinés ont permis de découvrir des merlans bourrés de sardines. Or ce poisson n'est pas un prédateur de sardines, car elles sont trop grosses pour lui et surtout plus rapides en mer. C'est donc le marchand malhonnête qui avait fourré ces merlans de sardines. Le pire, c'est qu'après avoir payé une grosse amende, le poissonnier malhonnête s'est mis à gaver ses merlans de déchets de poissons, comme si la digestion était déjà entamée...
Autre marché, autre univers : à Sidi El Bahri, du côté de Bab El Khadhra, les clients appartiennent aux classes les plus modestes et les marchandises s'en ressentent vivement. On est loin de la qualité du marché central : les poissons sont à peine recouverts d'une mince couche de glace dite alimentaire, avec des prix moitié moins chers et une fraîcheur qui laisse à désirer. Les melons sont vendus en petits tas de quatre pour un Dinar seulement, mais ils ont été cueillis il y a trois jours et ils commencent à sentir le fruit gâté.
Les poulets sont vendus en très petites quantités : une cuisse, quelques ailes, un peu de blanc, bref juste de quoi épicer une chorba ou un couscous. Ici on n'est pas très exigeant sur la qualité, on ne recherche que les prix abordables et la quantité négligeable. Ici les clients sont pauvres mais sobres, austères même... Ils ne répondent d'ailleurs pas aux questions qu'on leur pose, se contentant de lever les yeux au ciel d'un geste discret...


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