Au cours du mois de Ramadan, outre la frénésie alimentaire, les gens se ruent aussi sur les boissons diverses et variées, de toutes les couleurs, plus aguichantes les unes que les autres et qui du coup deviennent plus chères… Parmi les plus prisées, il y a bien sûr les boissons gazeuses, dont le prix ne cesse d'augmenter depuis quelques années, atteignant actuellement 1D300 la bouteille d'un litre et demi en promotion, et quelques centaines de Millimes de plus chez les petits commerçants… Cette année, une mode a fait son apparition dans les quartiers huppés: le thé glacé qu'on propose à 1D500 la petite bouteille d'un demi-litre. Les boissons énergétiques tournent autour des trois Dinars. Quant aux jus de fruits, ils commencent à près de deux Dinars le litre, alors qu'ils ont souvent un goût chimique… D'ailleurs certaines vous l'annoncent pudiquement sur l'emballage : boisson au « goût chocolat », poire, ou pomme. Salma, une mère au foyer nous a assuré : « je n'achète jamais de jus dans les magasins, je les fais toute seule à la maison avec de vrais fruits. Là au moins, je suis sûre d'offrir quelque chose de frais à mes enfants ! » Une autre dame, aux moyens plus modestes, nous a déclaré : « les jus sont trop chers pour une famille nombreuse, je n'en achète que lorsque je reçois des invités. Quant à mes enfants, ils se contentent du jus en poudre que l'on vend dans des sachets à des prix dérisoires. Chacun vit selon ses moyens… » A propos des boissons plus ou moins trafiquées : certaines ont été écoulées sur le marché parallèle tunisien, venant d'Algérie. Bizarrement, le ministère de tutelle s'est contenté de déclarer que c'était dû « à l'insuffisance du contrôle sur les frontières, qui a entrainé l'accroissement de la contrebande ». Sauf que là, il s'agit d'une question qui pourrait provoquer de graves problèmes de santé publique… Quant aux boissons traditionnelles telles que le Rayeb, du lait caillé, et le Lben, du lait écrémé, ils atteignent le prix record de 750 Millimes les 400 grammes, ce qui fait 1D650 le litre alors que le litre de lait ne dépasse pas un Dinar et qu'aucune manipulation n'est nécessaire pour le transformer ! Souvent consommés lors de la rupture du jeun ou la nuit pour le S'hour, ils ne sont pas toujours disponibles. Alors certains commerçants poussent la cupidité jusqu'à obliger les clients à acheter des yaourts avec, car ces derniers ne se vendent pas toujours bien. Un acte illégal ! Et puis il y a les sorties nocturnes, en famille ou entre amis, et là, les salons de thé et des cafés s'en donnent à cœur joie pour vous faire payer le moindre jus à des prix d'or. Dans les cafés huppés du Lac, d'El Menzah 6 ou d'Ennasr, une citronnade atteint le prix indécent de cinq Dinars, alors que le prix du kilo de citron est resté relativement sage cette année à 1DT300, contre 2 DT 300 l'an dernier. Mais le pire nous a été rapporté par un jeune étudiant : « j'ai été dans un de ces salons de thé et j'ai commandé une citronnade. Elle avait un goût bizarre, un peu artificiel. Au bout de quelques minutes, elle s'est décantée laissant paraître de la poudre au fond du verre, celle de ces petits sachets que l'on trouve dans le commerce parallèle à deux cent Millimes, alors que je l'ai payée très cher, cette citronnade ! » Notons enfin que les boissons sont trop souvent transportées sans aucune précaution, souvent exposées au soleil, sans que l'on sache l'effet d'une telle manipulation sur la santé. Il faudrait donc mieux contrôler ce secteur de la consommation, comme on le fait pour la nourriture, car de nombreux problèmes de santé peuvent en découler...