Très petits et très légers, les baladeurs numériques ne cessent d'envahir notre société et de toucher de plus en plus nos jeunes. Il s'agit du compagnon musical idéal en déplacement. Walkman, baladeur à CD, MP3, le baladeur est devenu un baladeur multimédia. Utilisés trop forts et trop longtemps, ces appareils peuvent engendrer des pertes d'audition temporaires ou définitives, générer des sifflements ou des bourdonnements continuels. Ils constituent un danger pour les oreilles de nos enfants. Les jeunes restent une cible encore mal informée des risques de l'écoute abusive des baladeurs numériques et autres MP3 dont les ventes ont explosé. Ces baladeurs peuvent endommager l'audition. Une enquête JNA - Ad'hoc Research réalisée sur un panel de 1 000 jeunes de 12 à 25 ans permet de mieux cerner les comportements à risque qui concernent une large population de jeunes souvent inconscients des dangers qu'ils encourent. Selon les résultats, « le temps moyen d'écoute des jeunes est de 1h38 pour les 12-14 ans, 2h05 pour les 15-17 ans, et 1h25 pour les 18-25 ans. Un jeune sur cinq (un sur trois chez les 15-17 ans) s'en sert 2 à 3h par jour, et 10 % plus de 3h. Et l'impact immédiat est déjà connu par ces fans de musique : 40% des jeunes (63 % des 18-25 ans) ont déjà ressenti des acouphènes après écoute du baladeur » Nos jeunes ignorent les dangers de ces appareils. Souvent, ils écoutent leur baladeur au dessus des normes autorisées. Le volume maximum de certains baladeurs numériques peut atteindre jusqu'à environ 120 décibels ce qui équivaut au bruit d'un avion qui décollerait à proximité. Ils courent le risque de développer des pertes d'audition avant même leurs 25 ans. L'exposition prolongée et fréquente des oreilles des jeunes à une trop forte dose de décibels est la principale cause d'une perte de capacité auditive. Et plus on commence tôt, plus on risque d'entendre moins bien un jour. L'exposition à des sons dérangeants peut avoir des effets psychologiques. Cela peut par exemple nuire à la lecture, la mémorisation, la motivation et l'attention .Il faut donc avertir le plus tôt possible les enfants et éviter qu'ils ne s'habituent aux sons trop forts et à ces décibels. Ils ne doivent pas utiliser le baladeur à plein volume, ne pas dépasser une heure par jour à volume moyen et utiliser les écouteurs et les casques fournis lors de l'achat Kamel Bouaouina ---------------------- Pr Patrice Tran Ba Huy, Chef de service ORL à l'hôpital Lariboisière de Paris : « Danger au-delà de 90 décibels » Le Dr Tran Ba Huy Chef de service ORL à l'hôpital Lariboisière de Paris s'intéresse plus particulièrement aux lésions provoquées par une exposition aux nuisances sonores. Il a bien voulu nous expliquer dans cet entretien les dangers de ces baladeurs numériques sur la santé de nos enfants qui pourront créer des générations de sourds. Le Temps- Pourquoi les baladeurs numériques sont-ils une source de préoccupation pour la santé ? Pr Patrice Tran Ba Huy : Les baladeurs numériques (ne pas confondre leurs risques avec celui des téléphones portables) exposent, il est vrai, l'oreille au traumatisme sonore. Ce risque est d'autant plus élevé que le port est prolongé (plusieurs heures par jour chez certains adolescents) et le niveau sonore élevé. A terme, ce type de traumatisme sonore lèse l'organe de Corti et provoque une surdité irréversible souvent accompagnée de bourdonnements (acouphènes). Cette surdité est elle-même difficilement appareillable. Au plan de la santé, il est probable que cela se traduise par un "vieillissement" prématuré de l'audition. Les sujets qui actuellement constatent une baisse de l'audition à partir de 60-65 ans, la ressentiront plus tôt. L'utilisation des baladeurs numériques occasionne-t-elle de nouveaux troubles de l'audition ? A côté du retentissement à long terme (après plusieurs années d'utilisation), il peut exister des dégâts aigus en cas d'exposition à des niveaux très élevés (comme lors de certains concerts). Quelles sont les normes pour ce type d'appareils ? Au-delà de 90 décibels (dB), un bruit peut devenir nuisible, mais deux paramètres sont à prendre en compte : l'intensité et la durée d'exposition. Ainsi, un bruit de 90 dB qui dure dix heures peut-il avoir des conséquences plus importantes qu'une exposition brève à 100 dB. Les industriels appliquent maintenant des normes pour les baladeurs limitant la puissance de sortie. Quels conseils donnez-vous aux adeptes de ces baladeurs numériques? La musique est un véritable plaisir pour nos oreilles. Mais elle peut aussi constituer un traumatisme sonore. Et là j'invite ces jeunes de faire attention en conduisant et à ne pas porter ces baladeurs... Le traumatisme sonore peut aussi affecter celles et ceux qui passent trop de temps à écouter leur baladeur. Et là, le risque est sérieux. Il faudrait limiter impérativement le niveau sonore...