Consommer : voilà un mot qui commence bien mal, surtout lorsque vous êtes sommés de dépenser jusqu'à vous consumer… Ramadan étant la période de la «Lamma » familiale*, ces repas dignes de Pantagruel, où il faut faire honneur à ses invités en les alléchant avec des plats riches et variés, le budget familial se retrouve très vite à sec. S'annonce alors la perspective de l'Aïd, avec ses gâteaux traditionnels, ses vêtements pour les petits et les grands, ses frais de déplacement… Puis, sans trêve pour votre budget, arrive la rentrée, un coup de massue dont peu de foyers en réchappent sans dégâts. Nous avons fait une estimation, basée sur une petite enquête dans des familles qui appartiennent à la classe moyenne, pour connaître le budget nécessaire à une famille composée de deux enfants et deux parents, la norme quoi. Le résultat est qu'il faut un minimum de 30 Dinars par jour pour faire face aux dépenses du mois de Ramadan, ce qui donne 900 Dinars. Arrivent ensuite les gâteaux traditionnels de l'Aïd, une dépense minimale de 100 Dinars, auxquels il faut ajouter les vêtements de cette fête, soit un minimum de 250 Dinars, immédiatement suivis par les frais de la rentrée, avec là aussi un minimum de 250 Dinars… Et on arrive allègrement à un million et demi de nos pauvres Millimes ! Certains trouveront ces chiffres ridicules, trop hauts ou trop bas, mais ce n'est qu'une moyenne pour une ménagère qui tient fermement les cordons de la bourse. Sachant que la salaire moyen des Tunisiens tourne autour de 750 Dinars, chaque foyer se retrouve ainsi avec une dette d'un salaire mensuel qu'il faudra rattraper avant l'arrivée de l'Aïd El Kébir, dans deux petits mois, soit à la mi-novembre, avec son mouton qui coûte aussi cher qu'une voiture d'occasion. Et la ronde infernale des fêtes continue avec des échéances qui ne laissent pas de répit à votre budget, puisque voici que se profile le réveillon, avec son grand gâteau, son grand repas et pour certains, un séjour à l'hôtel qui achèvera d'anéantir les derniers espoirs de faire des économies. Décidément, le Tunisien est une cigale aussi incorrigible qu'attachante ! Yasser Maârouf * Cela signifie « en famille »