Le mois de Ramadan est synonyme de dépenses. De nombreuses familles tunisiennes, s'adonnent à des dépenses exorbitantes. Cette année, c'est un peu délicat. Plusieurs dates redoutables coïncident ensemble notamment les fêtes de mariages, le mois saint, l'aïd et la rentrée scolaire. Le désarroi des familles devant l'incapacité d'assurer le strict minimum se lit sur les visages, renseignant parfaitement « la douleur » de ne pas pouvoir y faire face. A l'accoutumée, le ménage tunisien vit hors cette période avec des avances sur salaires et des petits crédits en provenance des amis et de la famille. Comment le ménage fera-t-il cette année pour s'en sortir ? Investir en Tunisie a enquêté sur le sujet. Il est 22h, la rue Charles de Gaule à la capitale grouille de monde. Certaines familles prennent d'assaut les magasins et les grandes surfaces à la recherche de la bonne qualité. Rencontré devant une vitrine de magasins de prêt à porter, Ammar, un père de quatre enfants, âgé de 46 ans, fonctionnaire, est visiblement stressé. « Je cherche des vêtements pour enfant mais ce n'est pas gagné étant donné la cherté des produits en vente. Aujourd'hui, j'ai eu une avance sur salaire. Toutefois, je ne parviens pas à faire face à la cherté de tous les produits en vente, encore moins à affronter l'Aïd et la rentrée scolaire », s'indigne-t-il. « Je ne peux pas affronter autant de dépenses. Déjà en temps normal, j'arrive difficilement à boucler le mois. Il est de rare fois où autant de charges tombent en même temps, et me retrouver nez à nez avec une telle avalanche de dépenses, croyez-moi, je suis tout le temps stressé et agité. La moitié de mon salaire se gâche dans la dernière semaine du Ramadan. Pour couvrir toutes les dépenses, je dois avoir un crédit.», s'alarme-t-il. Déjà que les Tunisiens n'ont pas cette culture de gestion de leurs budgets, à cela s'ajoute, le fossé entre les salaires et les prix des produits vendus et qui demeure énorme. Portant des sacs biens remplis, Mme Najoua, fonctionnaire, et mère de deux enfants, « Je n'ai pas pu fournir de la liquidité pour acheter les vêtements de l'aïd et la rentrée scolaire que par recours au crédit. D'ailleurs, je n'ai pas beaucoup de solutions. Face aux périodes de grande consommation notamment les vacances estivales, Ramadhan, Aïd, rentrée scolaire, etc, c'est difficile à gérer. Avec la hausse excessive des prix, la multiplication des exigences et des besoins familiaux, j'ai toujours recouru aux dettes auprès d'amis ou à la banque. C'est pour avoir quelques liquidités, ce qui me permet une dépense supérieure à mon salaire », a-t-elle avoué. Sofiane, employé de 37 ans, en charge de deux enfants, est retourné vivre avec sa famille pour éviter les dépenses exorbitantes du mois de Ramadan. « Les conditions difficiles dans lesquelles j'évolue m'ont poussé à retourner vivre avec ma famille. Je passe le mois de Ramadhan chez eux. Je partage, ainsi, les dépenses avec mes frères et mes parents. Malgré cela, je n'arrive pas à couvrir toutes les dépenses surtout en cette période où se succèdent Ramadhan, Aïd et rentrée scolaire. Je me suis trouvé dans l'obligation de demander une avance sur salaire à mon patron ou de m'endetter auprès de mes proches », regrette-t-il. Rappelons qu'à l'occasion du mois de Ramadan, le ministère des Affaires sociales a fourni des aides substantielles au profit de 185 mille familles tunisiennes nécessiteuses. 24 millions de dinars ont été distribués, soit 75 dinars pour chaque famille.