On est à moins d'une semaine de la fête de l'Aid El-Fitr et les préparatifs battent leur plein chez toutes les familles qui s'y préparent déjà depuis le mi-ramadan, notamment pour ce qui est des achats des vêtements et les gâteaux pour célébrer cette fête sacrée. Les ménages, déjà foudroyés par les dépenses occasionnées par le mois du jeûne, se lancent dans d'autres aussi urgentes que nécessaires, c'est que le consommateur tunisien ne lésine pas sur les achats des grandes occasions, quoique les prix ne cessent de s'envoler ! Mais il faudrait bien tenir les cordons de la bourse, sachant que juste après l'Aïd viendra la rentrée scolaire et universitaire, une autre occasion d'énormes dépenses pour les ménages !
Encombrements tous azimuts
En effet, les Tunisiens n'ont qu'un seul souci à la veille de cette fête : satisfaire les besoins de la famille en matière de vêtements et de gâteaux. Les interminables randonnées et les bousculades ont déjà commencé depuis quelques jours dans les centres commerciaux, les grandes surfaces, devant les devantures des boutiques de prêt-à-porter et des commerces spécialisés dans l'habillement et les jouets. Ces lieux connaissent, comme chaque année, une affluence qui sort de l'ordinaire. Cette activité intense dans les rues commerçantes de la capitale et ce grand rush de clients se fait de plus en plus accentuer au fur et à mesure qu'on s'approche de l'Aïd, provoquant ainsi une circulation automobile et piétonnière très dense jusqu'aux petites heures du matin. Malgré la bonne volonté et les efforts fournis par les agents de circulation, la situation devient insupportable, aussi bien pour les automobilistes que pour les piétons et il est très fréquent d'assister à des échauffourées parmi les usagers de la voie publique dues aux bousculades des véhicules et des gens un peu trop pressés ! Les vendeurs à la sauvette, qui profitent de cette occasion pour étaler leurs marchandises de contrebande sur les trottoirs et les places publiques, contribuent à cet embouteillage qui ralentit ou interrompt la circulation des gens et des véhicules. Faire du shopping en ces derniers jours de Ramadan est un vrai calvaire pour la majorité des parents qu'on voit accompagnés de leurs enfants s'attarder devant les vitrines des boutiques pour satisfaire les caprices de leurs chérubins qui optent pour des fringues à la mode, quoique parfois le budget familial ne le permette pas ; c'est qu'ils veulent se montrer les mieux habillés et parés devant leurs copains le jour de l'Aïd !
Des prix qui flambent
La ruée des familles sur les produits vestimentaires en cette période qui précède l'Aïd est marquée par la hausse des prix pratiqués par certains commerçants sans scrupules. On constate que les prix des vêtements ont augmenté par rapport à la période d'avant-ramadan, c'est d'ailleurs la raison pour laquelle, certains chefs de famille préfèrent faire leurs achats de l'Aïd avant même l'arrivée de Ramadan, sachant que les prix flamberont à l'approche de l'Aïd. Nombreux sont ceux qui s'approvisionnent en habits de l'Aïd les derniers jours de Ramadan, étant attirés par l'ambiance générale créée dans les rues commerçantes qui sent le parfum de l'Aïd, notamment pendant la nuit, après la rupture du jeûne. « On ne peut pas faire autrement, nous confia un chef de famille accompagné de ses trois gosses, le jour, on bosse et puis avec cette vague de chaleur de ces derniers jours, on ne peut sortir que la nuit ! » Concernant les prix des vêtements, il était catégorique : « Le luxe, ça se paie, nous a-t-il affirmé, voilà que nous nous promenions à travers les boutiques depuis deux heures à la recherche d'articles de qualités et à bon marché : j'ai déjà acheté les fringues, cela m'a coûté plus de trois cent dinars, et je dois leur trouver des chaussures ! Il est peut-être trop tard pour aujourd'hui, je reviendrai un autre jour ! » C'est que les parents doivent se déplacer plus d'une fois pour pouvoir dénicher l'habit convenable et à des prix est abordables. Cette femme, accompagnée de sa petite fille de 8 ans, était accablée de sacs en plastique qui contenaient tous les achats qu'elle vient d'effectuer : « j'ai trois enfants, cette fille et deux autres garçons, nous a-t-elle confié, j'ai acheté le nécessaire, inutile de les accompagner tous avec moi, pour éviter de céder à leurs caprices, je connais leur taille et leur pointure, donc je les habille à ma guise, selon les limites de mon budget ! Pour les prix affichés, ils sont souvent exorbitants, mais c'est inutile de rouspéter puisque cette période est connue par la flambée des prix ! » Cependant, certains clients abordés nous ont exprimé leur regret de voir les soldes d'été reportés pour après l'Aïd, étant fixés pour le 25 août, croit-on savoir. « Au moins, fit remarquer une ménagère, pendant les soldes, on peut faire de bonnes affaires et s'habiller aux moindres frais ! C'est dommage qu'ils soient reportés, pourtant chaque année il y a des soldes au mois de juillet ! » D'autre part, certains consommateurs rencontrés se contentent encore de faire du repérage et du lèche-vitrine, pour la chasse d'une bonne affaire, en attendant qu'ils perçoivent leur salaire du mois d'août, prévu pour le 15 du mois !
Et ces incontournables gâteaux de l'Aïd
Bon nombre de ménages chez nous allouent un budget spécial pour l'achat des friandises et des sucreries de l'Aïd, notamment les gâteaux traditionnels qui se fabriquent de moins en moins à domicile, comme il se faisait jadis et naguère dans toutes les familles tunisiennes ! C'est pourquoi on assiste depuis quelques années au pullulement de ces fabricants de gâteaux traditionnels qui travaillent chez eux, souvent à l'abri de tout contrôle économique ou sanitaire. Ce commerce est devenu très prospère, sachant que les familles tunisiennes se dirigent de plus en plus vers ces « maisons pâtissières » en vue de s'approvisionner en matière de confiseries de l'Aïd. Ces commerçants achalandés profitent de l'occasion pour afficher des prix plus élevés par rapport au reste des jours de l'année, parfois dépassant ceux proposés par les pâtisseries légales qui exercent dans les règles de l'art. Là encore, les ménages tunisiens risquent d'être arnaqués, non seulement à cause des prix affichés, mais aussi de la qualité des matières premières utilisées dans les produits vendus. Et dire que les bons de commande pour l'achat de ces confiseries de tout genre sont déjà passés soit auprès des pâtisseries légales ou chez les commerçants parallèles qui exercent à domicile, depuis les premiers jours de Ramadan ! Selon les familles, les gâteaux de l'Aïd peuvent coûter de 100 à 200 dinars ; chez des familles les dépenses peuvent atteindre les 300 dinars, selon la qualité et la variété des produits achetés ! Ce commerce de gâteaux qui connaît son apogée en ces jours de l'Aïd doit être mieux contrôlé par les agents de l'économie et de la santé publique car il y va de la santé et du budget du citoyen !
Attention aux jouets chinois !
A quelques jours de l'Aïd, des vendeurs informels de jouets électriques et en plastique ravagent les rues et les trottoirs exposant à même le sol toutes sortes de joujoux, peluches, poupées, et une panoplie d'armes en plastique et d'autres gadgets électroniques destinés aux petits enfants. Ce sont des produits importés, notamment de la Chine, dont la qualité laisse à désirer et dont les matières premières peuvent nuire à la santé de nos enfants. Or, beaucoup de parents mal avisés n'hésitent pas d'acheter de tels produits, encouragés par leur bas prix, pour satisfaire les caprices de leurs petits enfants. Là encore, un contrôle rigoureux s'avère nécessaire sur ces produits de la part du ministère du Commerce. Il est vrai que les jouets de bonne qualité se vendent cher chez nous et sont souvent inaccessibles pour la majorité des consommateurs dont les revenus sont limités ; cependant des précautions doivent être prises par les parents lors du choix ou de l'achat de ces jouets importés et dont l'origine et la composition sont douteuses. Peut-être vaudrait-il mieux acheter un seul jouet de qualité supérieure qui coûterait plus cher que plusieurs dont la fabrication ne répond pas aux normes internationales, ainsi on pourrait éviter le danger et garantir la sécurité de ses enfants !