Ceux qui en sont revenus parleront d'un tunnel sombre au bout duquel apparaît brusquement une très grande lueur blanche. Sorte de lumière aveuglante où ils se retrouvent projetés, juste avant d'émerger comme au sortir d'un long sommeil. Un sommeil qui ressemblait à une petite mort. Qui aura duré une infinité de jours et de nuits, avant qu'un miracle n'advienne. Car c'est bien de miracle qu'il s'agit à chaque fois, et d'un mystère profond sur lequel se sont penchés spécialistes et profanes, en se cassant les dents à chaque fois, sur les aspérités – imprenables – de son épaisseur. Et c'est ce mystère justement, qui a un jour interpellé le comédien Noomane Hamda, au point de le pousser à s'en aller quêter, fut-ce l'esquisse d'une réponse, du côté d'un hôpital public, avant d'entreprendre l'écriture d'un texte, destiné au théâtre, sur les comateux. Il n'aura pas le temps de la finir, jusqu'à ce qu'il tombe lui-même dans le coma, inexplicablement, après une mauvaise grippe qui a traîné en longueur. Prémonution ? Alors qu'il en est – heureusement – revenu, et à la lumière de ce que lui-même a vécu pendant cette si longue absence, Noomane Hamda qui a cosigné auparavant « Nage Libre » avec Sonia Zargayouna, a repris son texte initial, pour donner vie au final à une très belle pièce théâtrale, intitulée : « La vie à corps perdu », réunissant une pléiade d'acteurs chevronnés, dont nous citerons Jamila Chihi, Abdelmonem Chwayet, Noureddine Bousselmi… Dans un nouveau cycle destiné au public ramadanesque à la salle « Le quatrième art », la vie à corps perdu interroge le sens même de notre existence d'humains, fragiles trop fragiles pour pouvoir se permettre d'affronter en toute impunité, tous les aléas de la vie, sans sourciller. A vrai dire, les battements d'ailes d'un papillon équivalent à un cyclone selon une échelle de valeurs qui appartient aussi au grand mystère. Naître et mourir. Et dans l'intervalle, il y a la vie. Et dans l'intervalle, il y a parfois un grand gouffre qui s'ouvre sous les pas de ceux qui s'y attendent le moins. Un peu comme un silence étrange et pesant. L'absent alors n'est pas celui qu'on croit. Jusqu'au (resurgissement brusque de la vie. Entre-temps, bien de l'eau aura coulé sous les ponts… Reste ces paroles échappées au silence. Qui blessent ou pansent, mais ne le sauront jamais…