Comme à l'accoutumée, le forum économique de Davos publie son rapport annuel sur la compétitivité économique (2010-2011) couvrant 139 pays. La Tunisie gagne huit places cette année en occupant le 32ème rang mondial et la première place en Afrique du Nord. Une performance tunisienne qui couronne les efforts déployés ces dernières années en faveur de l'amélioration de la compétitivité et du climat des affaires dans un pays qui s'attelle à mettre en avant ses avantages compétitifs dans un environnement de plus en plus concurrentiel et dans une économie mondialisée attisée par les déboires d'une crise qui est loin de prononcer ses derniers mots. Sur 139 pays couverts par le rapport annuel de Davos, la Tunisie décroche ainsi le 32ème rang mondial et maintient toujours son leadership nord-africain. Elle reprend du fait les places perdues l'année dernière où elle occupait le 40ème rang mondial. La Tunisie devance dans le peloton arabe le Koweït (35ème), le Bahreïn (37ème), la Jordanie (65ème), le Maroc (75ème) l'Egypte (81ème), l'Algérie (86ème) et la Libye (100ème). Un écart probant est observé entre la Tunisie et les pays « concurrents » ou à « ressources similaires » si l'on puisse dire. Avec un score de 4,7 points sur 7, la Tunisie devance un bon nombre de pays développés et émergents tels que l'Italie, l'Inde, le Brésil, la Thaïlande, la Turquie et l'Espagne. Avec un tel score, la Tunisie occupe une place très avancée du classement mondial et elle peut alors se targuer de figurer dans la cour des grands. Comment la Tunisie a pu réaliser une telle performance ?. Bonne gestion des dépenses publiques L'indice de compétitivité global de Davos prend en considération 12 déterminants ou facteurs de compétitivité micro et macro-économiques ventilés en trois parties : les conditions de base, les facteurs d'efficience et d'efficacité et l'innovation et facteurs de sophistications. Il faut dire que la Tunisie se distingue en matière de conditions de base de la compétitivité à savoir : les institutions, l'infrastructure, l'environnement macro-économique et la santé et l'enseignement primaire. Pour la première partie d'indicateurs, la Tunisie occupe une place de choix et très avancée notamment dans le domaine de la qualité institutionnelle où elle occupe le 23ème rang mondial. A noter que ce premier pilier tient compte des droits de la propriété, la confiance envers les politiciens, maîtrise dans la distribution des fonds publics, la gestion des dépenses publiques, le coût économique du terrorisme, l'efficacité de l'administration, l'indépendance judiciaire, la protection de l'intérêt des actionnaires minoritaires…Bref, la Tunisie occupe la 5ème place mondiale en matière d'efficacité de ses dépenses publiques et du coût économique de la violence et des crimes. Toutefois il reste à remarquer dans le même pilier que des efforts restent à faire en matière de la force de l'audit et des rapports standards mais aussi en matière de la force de protection des investisseurs et de l'indépendance judiciaire. Le volet de la santé et de l'enseignement primaire, la Tunisie excelle également notamment en matière de qualité d'enseignement primaire. Elle occupe la première place en matière d'impact du Malaria sur les affaires et de l'incidence du Malaria. Néanmoins des efforts restent à faire en matière de mortalité infantile et d'espérance de vie. Pour ce qui est de l'infrastructure, la qualité de l'infrastructure ferroviaire et de l'infrastructure de base en général fait gagner à la Tunisie des points. Sauf que la Tunisie accuse un retard en matière de lignes téléphoniques fixes et de nombre de sièges disponibles dans les compagnies aériennes. Il semble ainsi que le boom de la téléphonie mobile a pesé sur le nombre d'abonnés en lignes téléphoniques fixes. S'agissant de l'environnement macro-économique, les dettes publiques et l'inflation ont pénalisé le pilier institutions. Emploi, impôts et taxes : encore du travail à faire Pour la deuxième partie d'indicateurs ou de facteurs de compétitivité, à savoir ; le groupe de facteur d'efficacité : la Tunisie obtient le 50ème rang mondial. L'efficacité du marché des biens et la qualité de l'enseignement supérieur dopent le classement de la Tunisie. A signaler que la Tunisie occupe le 8ème rang mondial en matière d'enseignement des sciences et maths. Des efforts restent à faire dans le domaine de l'efficience du marché du travail, de la taille du marché et le développement du marché financier. Des retards sont observés en matière de taux d'impôts et taxes et de tarifs commerciaux. Tout de même et en ce qui concerne l'efficience du marché de l'emploi, des insuffisances sont constatées notamment en matière de flexibilité dans la détermination des salaires et dans la rigidité des carrières. Par ailleurs il va sans dire que le classement accordé à la Tunisie en matière de participation de la femme dans la force de travail (129ème) ne peut guère refléter et faire apparaître la place prépondérante qu'occupe la femme tunisienne dans la vie active. Disponibilité de scientifiques et de chercheurs mais faiblesse du nombre de brevets La troisième partie ou groupe de piliers déterminants de l'innovation et des facteurs de sophistication comprend l'innovation et le degré de sophistication des affaires. La 34ème place a été attribuée à la Tunisie en matière d'innovation et de facteurs de sophistication. La disponibilité des scientifiques et ingénieurs soutient le facteur innovation alors que le nombre brevets d'inventions pour 1 million de la population traduit le retard accusé en matière de classement général dans le pilier innovation. Pour ce qui est de la sophistication des affaires, la Tunisie se distingue par le nombre de fournisseurs, par la qualité de la chaîne de valeurs et par le contrôle de la distribution internationale au moment où elle pâtit de la petite taille du marché. Au final, le classement obtenu cette année par la Tunisie qui est une consécration des mesures sans cesse engagées en faveur de l'amélioration des facteurs de la compétitivité, moteurs de croissance et catalyseurs des investissements étrangers. Faire partie de la cour des grands met l'économie tunisienne face à une rude épreuve pour conserver sa place voire d'avancer sur la vie de l'excellence.