Les fables résistent aux affres du temps, ce qui veut dire que la vérité qui peut s'en dégager montre que les hommes ne changent pas vraiment. L'argent ne fait pas le bonheur nous a-t-on toujours appris. On sait maintenant qu'il contribue généreusement à donner du bonheur, la morale étant faite pour donner mauvaise conscience aux jaloux qui n'accèdent pas à ce bonheur. Pour le reste, le commun peut faire preuve de beaucoup d'ingéniosité pour bluffer les naïfs et vivre à leurs dépens. Certains Japonais y sont tout de même allés trop fort : ils se font régler des pensions de retraite de parents proches disparus depuis la seconde guerre mondiale. C'est ainsi que de jeunes grabataires de 150 ans feraient vivre d'arrières petits fils malins et heureux de toucher l'argent de leurs fables. On dira que ce genre d'entourloupe est vieux comme le monde et qu'il arrive de dénicher parmi ceux qui mènent la grande vie certains pensionnés de l'extrême pauvreté. Le tout est de ne pas se faire attraper et de maintenir l'illusion en jouant de l'assurance de ceux qui manipulent comme un art la technique du mensonge. Blair, celui qu'on surnommait le caniche de Bush, vient lui aussi d'administrer la preuve qu'on peut soutenir le plus gros mensonge sans se démonter. Il a même donné une interview largement médiatisée pour soutenir avec aplomb son mensonge guerrier sur les Armes de Destruction Massive ayant justifié la destruction de l'Irak. L'homme a joué dans cet entretien de la vertu effarouchée dans un monde sans cœur et sans raison. Il faut dire que lui aussi manie la fable pour défendre sa retraite dorée d'ancien Premier ministre britannique belliqueux devenu Colombe de la paix, dans cet Orient Moyen où les armes refilées au prix fort par Blair et ses amis ne sont pas près de jouer la trêve. Les fables pour de vrai ont toujours servi à l'éducation du commun. La morale qui les accompagne doit ainsi être une leçon de comportement vertueux. Affabuler, comme le fait Blair et ceux qui l'imitent, c'est faire prendre des vessies pour des lanternes, c'est auréoler de bons sentiments ce qui n'est au fond que de la poudre aux yeux. Ceux qui vont prochainement affamer le monde au nom de la crise des céréales savent très bien que le jeu consistera seulement à faire payer plus cher les sinistrés du monde, seul potentiel qui fournit les marges bénéficiaires et les enrichissements en bourse. C'est ainsi qu'on apprend que les affabulateurs des banques et des sociétés pétrolières ont enregistré cette année des bénéfices exceptionnels. Les mensonges payent et les flatteurs continuent à vivre aux dépens de ceux qui les écoutent. On ne change pas les affabulateurs qui gagnent.