Husseïn Ben Ali avait bien marqué son territoire, après avoir pris le dessus sur Brahim Chérif au cours d'une bataille acharnée où celui-ci était fait prisonnier. Fils de Aly Turki, esclave d'origine corse, Hussein Ben Ali avait tous les atouts pour être coopté à la tête de la régence de Tunis, à la place du Bey déchu en 1705. Une nouvelle dynastie commençait et Hussein Ben Ali sut s'entourer de garantie afin d'assurer sa pérennité. Craignant encore une réaction de Brahim Chérif qui s'était évadé en Algérie, il avait agi par la ruse en lui tendant un guet apens. Celui-ci consistait en effet, de déclarer qu'il gardait provisoirement le trône en attendant le retour de Brahim Chérif pour se démettre en sa faveur. Tombé dans le piège, celui-ci ne tarda de se pointer à Bizerte où les soldats de Hussein Ben Ali l'attendaient pour le mettre à mort sur ordre du nouveau régent. Voilà déjà une épine au pied dont put se débarrasser Hussein Ben Ali avec aisance. La sécurité intérieure assurée, puisqu'il n'avait plus aucun rival, il allait s'occuper de la sécurité extérieure et conclut un traité de paix en 1720 avec la France. La période de son règne était relativement paisible. Mais après ce long règne il aurait aimé avoir un fils qui lui succéderait au trône. Mais comme a dit le grand poète arabe Al Mutanabbi, le vent ne va pas toujours au gré des voiliers. Il n'avait pas d'enfants malgré le nombre de femmes qui constituaient son harem. Il se résigna ainsi à la destinée et désigna son neveu Ali Bey pour sa succession cependant un événement impromptu allait changer le cours des choses. La course était une pratique courante à l'époque, et était même considérée, non pas comme une piraterie, mais un jihad maritime. Les Corsaires avaient capturé une belle génoise. Elle fut alors offerte à Husseïn Ben Ali, en tant qu'odalisque. Dans son ouvrage : "Description de Tunis" le docteur Franck médecin de Hammouda Pacha et non moins historiographe écrivait à ce propos : "La jeune captive était d'une rare beauté ; elle lui plut et il la fait placer dans son harem, où peu de temps après elle devint enceinte" . Tout content, il convoqua le diwan ou assemblée de notables, réunissant notamment les dignitaires religieux pour soumettre à leur avis l'éventualité de reconnaître pour hérités du trône, l'enfant qui allait naître de l'odalisque génoise, si celui-ci était de sexe masculin. Problème épineux, car l'odalisque était chrétienne. Comment son enfant pouvait-il régner un peuple musulman ? D'autant plus que cette odalisque ne consentit pas à se convertir à l'Islam, préférant garder la religion de ses ancêtres. Ce fut la raison pour laquelle le Diwan manifesta sa réticence sur cette question o combien délicate. La Tunisie était à l'époque une province de l'Empire Othman dont le sultan était considéré commun Khalifa musulman. Une échappatoire fut trouvée par le Diwan, afin de ménager la chèvre et le choux et arriver à une issue favorable au vœu du Bey voulant assurer sa succession par son fils : celui-ci fut considéré comme musulman étant la progéniture d'un père musulman. Il eut le nom de Mohamed Bey, déclaré officiellement en tant que futur successeur de Hussein Ben Ali. La même odalisque donna naissance par la suite à deux autres garçons : Mahmoud Bey et Ali Bey. Quant à son neveu, il feignit se résigner à la décision de son oncle, mais ne tardera pas à se retourner contre lui, pour aller se réfugier aux montagnes de Oueslat là où prépara une bataille acharnée pour le chasser du trône en 1735. Hussein Ben Ali finira par être décapité, alors qu'il fuyait en Algérie par les mains d'un des hommes de Ali Bey.