Quatre femmes ont envahi la scène du Centre des Musiques arabes et méditerranéennes le jeudi dernier pour faire revivre, le temps d'un concert, la beauté ancestrale des chants bulgares. La 5ème édition de Musiqât a ainsi vibré sous les timbres particuliers des quatre vocalistes qui ont capté l'attention et suscité émois et émotion parmi les dizaines de personnes venues assister aux retrouvailles de l'authenticité bulgare… C'est d'abord le costume qui attire le regard. Un costume traditionnel sobre et élégant qui adopte les couleurs les plus chatoyantes et les plus sereines. Puis, dans un coin de la scène, quatre femme se tiennent groupées. Elles attirent certes le regard mais c'est l'oreille qui s'abandonne très vite aux chants qui transpercent le silence de la salle. Aucun instrument, aucun accompagnement musical ne viennent perturber la pureté de la voix. Les différents timbres, allant de l'aigu perché au grave le plus sombre, se sont enchaînés, entrecoupés et se sont mêlés pour faire revivre le chant bulgare. Un chant interprété initialement par les hommes que le chœur féminin s'est approprié pour en faire le leur. Cette appropriation a donné une nouvelle dimension aux chants masculins, à cet héritage ancestral particulier qui se situe entre la Bulgarie et Byzance. A capella, les quatre acolytes ont transporté le public dans un voyage temporel par l'unique pouvoir de la voix vers la Bulgarie médiévale. A travers leur interprétation, surgissaient un monde d'antan et une mode musicale qui mettent en exergue la magnificence de la voix. Entre les piliers de la salle des concerts, les mots mesurés se sont promenés ravissant l'oreille des curieux et des mélomanes. Les timbres singuliers et complémentaires ont empli l'espace d'une charge émotionnelle et de badinerie élégante où les femmes étaient à l'honneur. La vivacité des applaudissements illustrait l'adhésion du public au programme proposé et témoignait du ravissement senti à l'issu du concert. Un ravissement qu'on pouvait lire sur le visage des convives à la sortie de la salle. Ainsi, la quatrième soirée de la 5ème édition de Musiqât a été placée sous le signe de la redécouverte des traditions. De la Bulgarie, les convives retiendront l'image de quatre femmes qui se font les gardiennes de la mémoire. Une mémoire qu'elles perpétuent a capella faisant de leurs voix, l'instrument et le messager, le point de communion entre elles et le public au-delà de la seule considération de la langue…