La manifestation sponsorisée depuis 6 ans par Tunisie-Telecom est en train de se bonifier - La scène d'Ennejma Ezzahra a vibré le mardi 5 octobre sous le timbre de la voix multiple de la formation Lo Cor de la Plana qui vient de Marseille et fait revivre les chants traditionnels de l'Occitanie dans une revisite particulière de ces chants. Pour la deuxième soirée de la 5ème édition de Mûsîqât, Scoop Organisation et le Centre des Musiques arabes et méditerranéennes ont offert au public la possibilité de découvrir un patrimoine revisité, réinvesti où la tradition se joint à la modernité… Dirigé par Manu Théron, Lo Cor de la Plana est composé de cinq autres membres ; Denis Sampieri, Benjamin Novarino-Giana, Sébastien Spessa, Manu Barthélémy et Rodin Kauffmann. Pendant près de deux heures, les six acolytes ont capté l'attention des spectateurs au seul pouvoir de la voix. En effet, la différence de timbres et de gammes vocales a bercé les oreilles des mélomanes et des curieux. Les chants étaient puisés dans la terre du Sud en langue occitane ; langue dans laquelle les petits bonheurs du peuple et ses déboires se relaient depuis des décennies. Si la langue est peu connue du public, voire jamais, elle demeure captivante par ses sonorités et sa rythmique qui la rapprochent de la musique, faisant ainsi de Lo Cor de la Plana, les dignes héritiers de leurs ancêtres : les troubadours. Mais ces troubadours des temps modernes ont surpris les convives par l'intrusion de peaux empruntés à la musique traditionnelle nord africaine. Ils ont troqué leurs instruments à vent, à cordes et à archets contre les bendirs et autres instruments à peaux. L'adoption et surtout la manipulation parfaite des percussions conjuguées aux claquements des mains et de la cadence des pieds, ont transporté les spectateurs dans une sphère à part où la tradition du nord rejoint celle du sud pour donner lieu à un mariage de rythmes époustouflants et sensationnels. Le profane des textes y côtoie et épouse les résonances sacrées de la musique soufi et de son mysticisme. Dans ce monde à la croisée de deux mondes, le chœur Lo Cor de la Plana a déployé une énergie et un savoir-faire entraînants et attachants. Conservant la tradition et la joignant à celle des pays de « l'outre-Méditerranée », le groupe se fait le point de jonction, le gardien d'une mémoire commune dont la langue officielle est celle qu'on qualifie d'universelle : la musique. Ainsi Lo Cor de la Plana a su maintenir le public en haleine et à lui offrir un moment unique de partage et de revisite non pas d'un patrimoine mais de deux. La complicité des acolytes a fait entrer dans la danse les convives. Ravis, ces derniers se sont laissé embarquer dans l'univers multiple du groupe. La convivialité et la chaleur sur scène ont fini par regagner le parterre déjà conquis par la voix, la musique et cette touche personnelle attachante qui rend Lo Cor de la Plana si original. Après la voix de Babani Koné venue du Mali et qui a eu un franc succès lors de la soirée d'ouverture de la nouvelle édition de Mûsîqât, cette deuxième soirée demeurera celle du partage où le passé rejoint le présent et où l'occitan se sacralise en s'imprégnant des rythmes soufis…