De Mustapha Zoubeidi - Si on me donnait à choisir un titre, une déclaration ou simplement un mot de tout ce qu'on a pu lire ou entendre au sujet du Togo – Tunisie de dimanche dernier, j'opterais sans réserve pour ce qu'a dit Alaeddine Yahia après le match sur un ton qui contrastait avec tout ce qui se disait autour du lui : « Nous n'avons quand même pas battu l'Italie » a-t-il dit. Cette phrase qui pour beaucoup semblerait réductrice pour notre victoire, est au contraire, la plus réfléchie et la plus réaliste. Ne serait-ce que pour ramener sur terre ceux qui, avant cette rencontre en faisaient un objectif butoir et après le succès, une véritable félicité. Ce n'est pas tant le tapage qu'on en a fait qui est à déplorer, mais les mots et périphrases utilisés pour le faire qui ont le plus gêné. A-t-on une idée du nombre de fois qu'on s'est servi de vocables tels que destin, reconquête, croisée de chemins pour présenter un match qui rentre quoiqu'on dise, dans nos capacités, même si celles-ci ne reflètent pas actuellement ce dont nous ambitionnons. Reste que le succès de dimanche dernier, en plus du fait d'avoir apaisé pour un temps, l'ire de ceux qui n'attendent que le résultat immédiat, sans trop exalter la fibre des laudateurs patentés, nous a fait éviter d'autres vocables qu'on serait allé chercher ailleurs que dans les limites du domaine du football. Nous n'avons pas battu l'Italie certes pour qu'on pavoise mais si le Togo nous avait obligés à concéder le nul, on aurait crié au drame, alors qu'une défaite aurait pris l'allure d'une tragédie. Drame et tragédie. Encore des mots qui seraient venus enrichir notre vocabulaire déjà bien botté et bien casqué. La réalité a pourtant sa simple vérité. Qu'elle soit bonne ou mauvaise, elle n'aura dépendu que de nous-mêmes et pour la décrire, il suffirait de peser les mots avant de les utiliser.