Raouf KHALSI - « Discrimination, exclusion, marginalisation » : termes poignants utilisés par Madame Leïla Ben Ali pour sensibiliser encore et toujours la conscience arabe sur l'état de précarité dans lequel vivent encore des femmes arabes et même en dehors du monde arabe. Mais ce troisième congrès de l'Organisation de la Femme Arabe dégage aussi les accents du défi serein. On n'en est plus, en effet, et l'on ne doit plus pleurer dans les chaumières, dans les sanglots résignés comme face à une implacable fatalité : celle de l'inégalité entre homme et femme. Il n'est nulle part écrit et, certainement pas, dans le Coran, que la femme est inférieure à l'homme. Et si les freins socio-culturels, ancrés dans des traditions, désormais, obsolètes, anachroniques et, même, dégradantes pour la condition humaine tout entière, persistent encore, c'est que, quelque part, la volonté politique, dans quelques contrées arabes, ne s'exprime pas encore. Dès lors, le Congrès de Tunis administre une sorte de traitement de choc : brisons les chaînes ; cessons de disserter sur les origines des inégalités ; finissons-en avec la peur de la peur elle-même et plaçons carrément la femme dans l'incontournable processus du développement durable, perçu assez souvent comme un fantasme machiste. C'est en cela la quintessence de ce discours programme de l'épouse du Chef de l'Etat. A quoi servirait, en effet, d'envoyer nos filles à l'école si elles ne bénéficiaient pas, au final, de l'égalité des chances avec nos garçons. Car, il y a là risque patent de stérilisation des diplômes et de stérilisation du processus de développement lui-même. Seul le développement durable auquel contribueraient efficacement des femmes émancipées, courageuses, entreprenantes et responsables, érigera d'indomptables digues contre les tentations obscurantistes, les gradations sociétales accoucheuses de mépris, de violence et de soumission. En soi, la seule arrogance de « Si Essayed », icône du machisme arabe, poussé à l'extrême, est révoltante. Que dire, alors, des lapidations et des exécutions sommaires en Afghanistan, par exemple ? En tous les cas, l'Organisation de la Femme Arabe réussit à faire en si peu de temps, ce que la Ligue des Etats Arabes n'a jamais osé « approcher » en plus d'un demi-siècle d'existence. Il est tout à fait normal que les arcs-en-ciel d'une vision éthique, transversale et ennoblie de la femme arabe, se dessinent dans le ciel tunisien. Berceau de l'émancipation de la femme, Tunis est, aujourd'hui, avec Ben Ali, le garant de ses droits.