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Gafsa dans le cœur et la mémoire! Livre : « Gafsa et les villages oasiens avoisinants : de la vie communautaire (du début du XVIIIe à 1881) », de Mustapha Tlili
L'ouvrage est à l'origine une thèse de doctorat achevée en 2002 et soutenue en avril 2003. C'est donc un travail académique d'une indéniable rigueur scientifique. Et il le restera toujours, sans conteste. D'ailleurs, c'est ce critère fondamental qui a présidé d'abord à sa publication par les soins de l'Association pour la Sauvegarde de la Médina de Gafsa. Mais l'initiative émane certainement d'un groupe d'amoureux de la cité séculaire, dont l'auteur bien entendu, qui garde toujours Gafsa dans le cœur et qui veille à inscrire l'histoire de cette belle contrée dans l'héritage déjà glorieux et universel de notre chère Tunisie. Cette relation passionnelle avec le terroir, lequel n'en fait pas moins partie du patrimoine historique national et mondial, se lit sans peine dans l'excellente qualité d'impression du livre, dans son élégante reliure et dans cette belle toile d'Ali Fakhet reproduite en couverture. Une problématique originale Au-delà du souci éminemment esthétique de ses éditeurs, lesquels ambitionnent d'enrichir la bibliothèque « gafsienne » d'une nouvelle publication de valeur, l'ouvrage vaut surtout par l'application, le sérieux et l'esprit méthodique de son auteur. De l'avis des plus éminents connaisseurs, ce livre est pour l'heure, le meilleur qu'on ait jamais écrit en arabe sur la vie communautaire en milieu urbain et rural oasien dans l'histoire moderne. Répartie en trois grandes parties parfaitement équilibrées, cette étude aborde une problématique originale que Mustapha Tlili résume en ces termes: « Au XVIIIe et XIXe siècles, les habitants des centres oasiens de Gafsa et des villages avoisinants adoptent une organisation sociale de base permettant aux individus et aux communautés de se positionner dans le tissu social sous des dénominations différentes. Les cadres communautaires visent à trouver les solutions adéquates aux défis du milieu naturel et à ses contraintes. Cela se fait selon des solutions variées qui peuvent être classées parmi les traditions et les coutumes héritées à travers les générations et les époques. Malgré leur immobilisme apparent, ces traditions et ces coutumes ont une prédisposition à la révision, à la remise en cause et à la rectification de la part des générations successives. Ces mêmes cadres communautaires permettent aussi la gestion des conflits et des contradictions internes des communautés humaines de manière à préserver la cohésion sociale bâtie sur la jouissance de profits communs aux individus et aux communautés. Cela donne aux cadres communautaires une souplesse, une ouverture et une capacité à l'intégration en facilitant la mise en place des liens d'interdépendance qui, entre autres, permettent aux minorités de coexister avec les groupes majoritaires. L'un des objectifs de l'organisation de base des habitants de ces centres oasiens, relativement éloignés du siège du gouvernement central, est de trouver les modes d'articulation avec un pouvoir politique qui tend à renforcer le centralisme et à consolider davantage son autorité sur ces régions intérieures et ces communautés locales. Cela permet aux cadres communautaires de s'adapter continuellement aux changements œuvrés sur le plan central. L'Etat n'est, en fait, qu'une représentation construite dans l'esprit des habitants. La mise en valeur des spécificités de ces centres oasiens par comparaison à d'autres régions aide à mieux comprendre la société tunisienne à l'époque moderne à partir de l'étude des structures sociales locales.» L'auteur et ses publications Mustapha Tlili est natif d'El Gtar (gouvernorat de Gafsa) ; il enseigne l'histoire à la Faculté des Sciences humaines et sociales du 9 avril (Université de Tunis) et fait partie du laboratoire de recherches « Etudes maghrébines », dirigé par le Dr Abdelhamid Hénia. Ce dernier est également directeur de la thèse de doctorat de Mustapha Tlili et auteur de la préface de l'excellent ouvrage qui s'en inspire. Mustapha Tlili a déjà publié en arabe « La Région de Gafsa et la communauté des Hamâma sous le règne de Mohamed Sadoq Bey (1859-1882) », Ed. Dar Samed, Tunis 2004. Parmi ses articles, on citera « Ahmed Ben Youssef des Hamâma ; Itinéraire d'un notable de milieu tribal au XIXe siècle », paru dans « Etre notable au Maghreb. Dynamique des configurations nobiliaires » dirigée par A. Hénia, I.R.M.C., Maisonneuve & Larose, Paris, 2006, pp 217-224 ; « L'Usage des archives privées dans la production historique sur la Tunisie à l'époque moderne », dans « Ecritures de l'histoire du Maghreb. Identité, mémoire et historiographie », coord. par A. Benhadda et A. Hénia, Publications de la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Rabat, Série Colloques et Séminaires N° 138, 2007, pp 101-112. Badreddine BEN HENDA
*Gafsa et les villages oasiens avoisinants : De la vie communautaire (du début du XVIIIe s. à 1881), de Mustapha Tlili, Préface du Dr. Abdelhamid Hénia, Edition de l'Association pour la Sauvegarde de la Médina de Gafsa, 560 pages, prix public: 18 dinars.