Dans l'ivresse de sa puissance destructrice, Israël pourra encore annexer des territoires et spolier davantage un peuple palestinien condamné à une longue diaspora. Dans son refus de reconnaître que la Shoah a été, d'abord, un grand drame humanitaire, universel et pas exclusivement juif, le Sionisme s'approprie l'exclusivité de l'Histoire et se met à la réécrire. De révisionnisme en révisionnisme, d'impératif géographique en impératif géo-stratégique, le fait israélien a escamoté le droit palestinien et voilà qu'on en est à découdre avec une situation de non-droit nourrie par une démonstration de force : il n'y en a que pour israël. De fait, la Terre promise - à vrai dire à tous un peu trop promise – ne peut revenir qu'au « Peuple élu ». Du coup, une espèce de translation se meut dans l'esprit du sionisme lui-même : le peuple de trop sur terre, ce ne sont plus les Juifs, comme voulaient le faire accréditer les nationalismes outranciers arabes des temps reculés. Mais, bel et bien, aujourd'hui, les Palestiniens. Leon Pinsker, le premier grand théoricien du sionisme appelait les juifs « nation fantôme » : c'est aux Palestiniens que cette formule s'applique, désormais. Et que leur laisse-t-on pour bâtir leur foyer national ? Ostensiblement, la Cisjordanie que les Israéliens appellent Judée-Samarie et la Bande de Gaza, soit les 22% de la Palestine historique ! Mais, pire que tout, aux carnages, au Mur de la honte, à l'expropriation de fait de Jérusalem-Est, prend forme, consistance et acuité, aujourd'hui, l'appropriation des sites archéologiques. Le vrai drame est là pour les Palestiniens et pour la Nation arabo-musulmane tout entière. Israël rampe, de manière souterraine, vers les sites religieux musulmans à Al Qods et dans le reste de la Palestine. Déjà, en février dernier, Madame Irina Bokova, Directrice de l'UNESCO, avait exprimé sa préoccupation, après l'annonce par Netanyahu, d'inscrire deux lieux saints situés en Cisjordanie occupée, le Tombeau des Patriarches, à Al Khalil, et la Tombe de Rachel, sur la liste des sites historiques d'Israël. A l'époque, toute la communauté internationale s'était soulevée en chœur contre l'offense faite à toutes les religions. Et, d'ailleurs, il y a quelques jours, l'UNESCO avait cru pouvoir distiller un message fort, en annonçant cinq décisions concernant les territoires occupés dont l'une a eu pour appellation : « La Mosquée Bilal Bin Rabah / Tombe de Rachel, à Beït Lahm ». N'est-ce pas là un signe saisissant de rapprochement des religions ? N'est-ce pas là la sacralisation des lieux de culte et des mausolées ? Si l'essence finale du sionisme prend le nationalisme comme prétexte pour le refus des autres religions, c'est bien la chrétienté qui aurait de bonnes raisons de s'inquiéter… Et, c'est simple : profitant de la montée de l'islamophobie, Netanyahu, intégriste pur et dur, s'apprête à souffler sur l'historique brasier judéo-chrétien. Et cela avait commencé par les manipulations archéologiques !