Pourquoi continuer à organiser des Journées du cinéma européen en Tunisie, en programmant des films, pas toujours très récents ? Voilà une question qui mérite réponse, sauf qu'à notre sens, celle-ci est toute trouvée : tout simplement pour le plaisir de découvrir un film finlandais, un film bulgare, hongrois, ou autres, qu'il est impossible de voir autrement sur grand écran intra-muros, sachant pertinemment que ce n'est pas exactement ce genre de cinématographies qui est distribué ici, et qu'on aura beau dire, s'il est vrai que la cinéphilie ait pu changer de visage et s'accommode mieux aujourd'hui, de l'espace clos des maisons, se privant du plaisir de partager en public, la découverte d'un film, toujours prétexte à un nouveau voyage dans des ailleurs multiples et mystérieux, il n'en demeure pas moins vrai que rien ne remplacera jamais ce sentiment d'ineffable bonheur qui étreint forcément tout spectateur assis dans son fauteuil au cinéma, et qui attend comme un enfant son cadeau. Ah ! Qu'est-ce qu'on va m'offrir cette fois-ci ? Surpris lui-même à chaque fois, de s'être laissé prendre au jeu, en découvrant un film ou un autre. Et pourvu qu'il sache l'émouvoir, tant qu'il n'y a pas de date de péremption des films, peu importe qu'il ait été « emballé » hier ou il y a dix ans puisqu'il saura toujours, par des chemins de traverse, lui parler d'aujourd'hui ? Et si la Finlande, tout comme l'Allemagne, la Pologne, la Bulgarie…, proposent cette année d'autres titres dans la programmation des JCE, et s'il y a forcément des choix plus heureux que d'autres, l'intérêt de la manifestation demeure au final, dans le fait d'entretenir justement, ce qui est devenue au fil des ans, une tradition. Celle d'une parenthèse enchantée dans l'univers du septième des arts, comme un clin- d'œil amical d'une rive à l'autre de la méditerranée, avec de surcroît le mérite de voir décentralisée, la manifestation - les Journées du Cinéma Européen- puisqu'aujourd'hui, outre Tunis la capitale, elle est accueillie par sept villes tunisiennes : Sousse, Kairouan, Mahdia, Sfax, Jendouba, Gafsa, Gabès. Organisées par la délégation de l'Union européenne et les Ambassades des Etats membres de l'Union européenne en Tunisie, en collaboration avec le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du Patrimoine, la 16ème session des JCE se tiendra du 23 novembre au 12 décembre 2010, et verra la participation de quinze pays d'Europe : Belgique (Wallonie-Bruxelles), Espagne, République Tchèque, Portugal, Allemagne, Hongrie, Royaume Uni, France, Bulgarie, Pologne, Grèce, Italie, Pays Bas, Malte et Finlande. Les Journées seront ouvertes par la projection à l'AfricArt, en avant-première pour le Maghreb, d'un film d'animation en 3D : « Le voyage extraordinaire de Sammy », réalisé par le Belge Ben Stassen en 2010. L'histoire de Samy, la tortue de mer, qui sillonnera toutes les mers du globe, à la recherche de sa « dulcinée ». Pour les petits et pour les grands qui ont su garder une âme d'enfant. Et c'est la Salle Le Colisée qui accueillera les Journées par la suite. Par ailleurs, près d'une quarantaine de films entre courts et longs métrages seront présentés au public. Dont deux longs-métrages tunisiens : « Les Zazous de la vague » de Mohamed Ali Okbi et « Fin décembre » de Moez Kamoun. Et dans l'objectif d'impliquer quelque peu, l'espace maghrébin dans la manifestation, quatre films seront à l'affiche : « Viva Laldjérie » (Algérie) et « Délice Paloma » (France), réalisés par Nadir Moknèch, « Maoussem Mchaoucha » (Maroc) de Mohamed Ahed Bensouda, « Bamako » (Mauritanie) de Abderrahmane Sissako, et enfin un court métrage qui nous vient de la Lybie : « Partage » de Salah Ghuwedri. Cela étant, les enfants ne seront pas oubliés puisque une session leur est spécialement consacrée. (Maison de Culture Ibn-Khladoun). N'oublions pas par ailleurs, que les Journées du cinéma européen sont aussi l'occasion de rencontres de toutes sortes autour du cinéma, avec des professionnels du secteur, venus d'ici et d'ailleurs, en présence de réalisateurs issus des deux rives de la méditerranée. Ainsi cette année, et en marge du festival, un évènement Cinéma/Image est organisé par la Wallonie-Bruxelles en collaboration avec le Centre Technocité de Mons (capitale culturelle européenne en 2015) et l'Institut Supérieur des Arts Multimédias de la Manouba. Workshops autour du 3D et rencontres entre professionnels seront à l'ordre du jour. (du 22 au 27 novembre). Au final, le public aura loisir, pour la deuxième année consécutive, de décerner deux prix pour les meilleurs longs et courts métrages. A vous de voir…