• Les tenues de l'E.S.T. plus chères ; mais le C.A. a son propre magasin - Nous aurions pu écrire un reportage sur les graffitis clubistes et espérantistes relevés sur les murs de la capitale et un peu partout dans le pays; mais l'indécence de certains textes nous a fait rabattre sur un autre espace où s'exprime la rivalité sportive entre les supporters du C.A. et ceux de l'E.S.T, il s'agit des magasins de vêtements sportifs. Cette semaine, nous nous sommes rendus dans quelques unes de ces boutiques pour avoir une idée sur l'impact du derby sur les affaires de leurs propriétaires et aussi sur la « guerre » des prix concernant les tenues des deux équipes rivales. Nous avons également rencontré des supporters des deux formations et les avons interrogés sur le derby « vestimentaire » qui se déroule 12 mois sur 12 depuis des décennies durant. Dans les magasins, on nous a appris que les clients sont de tous les âges, mais que la clientèle la plus régulière est constituée de jeunes adolescents, des lycéens et des étudiants en particulier. Mais, précise une vendeuse, les parents achètent aussi casquettes, maillots et shorts pour leurs petits enfants. Elle ajoute que les supporters espérantistes ne se laissent pas influencer par les résultats de leur équipe favorite : ils achètent en toutes saisons ; « Chez les fans clubistes, par contre, c'est selon les victoires et les défaites du C.A.! ». A propos des prix pratiqués en ville actuellement et sans parler de ceux de Sidi Bou Mendil qui- vous vous en doutez bien- défient toute concurrence, ils varient entre 5 dinars (pour une casquette) et 120 dinars (pour une tenue complète). Dans les boutiques où nous nous sommes rendus, un maillot clubiste ou espérantiste se vend entre 35 et 40 dinars, les casquettes sont à moins de 10 dinars, les gilets à plus de 20 dinars et les sweats à 30 dinars et plus. Une tenue complète pour adulte coûte jusqu'à 80 dinars, celle des enfants excède rarement les 50 dinars. Mais selon Lotfi Laroussi, l'ancien joueur de l'Espérance, un maillot authentique de l'E.S.T. coûte 75 dinars, tandis qu'un survêtement portant les mêmes couleurs peut valoir jusqu'à 400 dinars. « L'Espérance n'a pas encore son propre magasin comme le C.A. qui possède un point de vente au Parc A. Pour trouver une tenue originale de l'Espérance, il faut chercher du côté de la Cité Ennasr, des Berges du Lac et de certaines boutiques de luxe de la Charguia. Au Club Africain, les prix sont moins chers. Un maillot authentique coûte entre 45 et 60 dinars. Si l'on trouve moins cher, il s'agit assurément de marchandise contrefaite, à mon avis ». On nous a appris par ailleurs que les maillots qui se vendent le mieux sont ceux qui portent les numéros de Darragi, M'sakni, Bouazzi, Mouihbi, Dhaouadi et Sellami. Quant aux tenues des autres formations sportives du pays, elles s'écoulent très difficilement à Tunis et à travers le pays. Badreddine BEN HENDA -------------------------- Témoignages Adel Mimoun (propriétaire de magasin à l'avenue Habib Thameur) : «La tenue de l'Espérance se porte partout et tous les jours » «Avouez que la tenue de l'EST est plus séduisante que celle du CA. On ne va pas à l'école, au lycée et même sur son lieu de travail avec sur soi une tenue clubiste. En revanche, c'est très courant avec le maillot ou le survêtement de l'Espérance qui sont moins voyants en raison du noir qui se mêle aux bandes jaunes et rouges ». Taoufiq Ben Ayed (gérant de magasin à l'Avenue de Paris) : «Fair play et bonnes affaires !» « Le propriétaire du magasin est clubiste alors que je suis espérantiste ; mais le fair play règne entre nous deux. Les affaires priment dans ce genre de rapports ! ». Mme Souayeh (gérante d'un magasin du Palmarium) : « Les maillots des chouchous !» « Les supporters clubistes et espérantistes n'attendent pas le derby pour acheter les maillots de leurs équipes préférées. Les affaires marchent en toutes saisons. On achète surtout les maillots des joueurs de talent et disciplinés sur le terrain. On n'aime pas beaucoup Korbi, par exemple ! ». Adnène Gasmi (étudiant) : «Chauvinisme à prix d'or !» « J'achète à longueur d'année toutes sortes de vêtements et de gadgets relatifs à l'EST. Qu'importe le prix pour peu que ce ne soit pas de la camelote. J'ai un frère clubiste à qui j'interdis de s'afficher avec la tenue de son équipe. C'est « chauvin », soit ! Mais je suis comme ça ! ». Rami Ouerfelli (étudiant) et Nejmeddine Messaoudi (tunisien de Marseille) : «Nous cherchons des maillots authentiques» « Nous sommes à la recherche de griffes authentiques ; ce que propose ce magasin, c'est une marchandise contrefaite. Nejmeddine veut parader à Marseille avec de l'original et non avec des imitations. Là-bas, on s'intéresse au derby tunisois et l'on reconnaît aussi le maillot authentique du maillot imité ! ».