Le paludisme tue annuellement près d'un million de personnes de par le monde. Qui l'aurait cru ? S'il est vrai que la Tunisie a pu éradiquer ce fléau depuis 1978, il n'en demeure pas moins que la vigilance reste de mise. Encore une fois, qui l'aurait cru ? D'aucuns pensent que ce fléau appartient à l'histoire ancienne et que «fier » des progrès réalisés, le monde actuel nous surprend, voire nous gave d'autres maladies appelées communément les maladies du siècle tel le Sida, pour ne citer que cet exemple. Le livre intitulé « Le Paludisme en Tunisie, Guide technique de la prise en charge et de la lutte » du Pr. Noureddine Bouzouaia, édité par l'Organisation Mondiale de la Santé –OMS- est, à ce titre, fort intéressant aussi bien pour le commun des lecteurs que pour les médecins. Spécialiste des maladies infectieuses, l'auteur adoptant une démarche scientifique ,se lance méticuleusement dans une analyse qui ne laisse rien au hasard. Pour lui, il n'est pas question de parler de paludisme en Tunisie sans présenter ce pays sous ses différents angles, géographique, climatique et socio-économique. Raison : Le paludisme est bel et bien lié à tous ces facteurs. Et ce n'est nullement par hasard qu'il trouve un terrain fort favorable dans les pays d'Afrique subsaharienne, en Asie et en Amérique Latine ; sachant que le climat chaud et humide favorise la prolifération de ce qui était jadis un véritable fléau. La Tunisie n'a pas échappé à cette calamité qui a fait au cours des siècles derniers des coupes notoires dans une population que la pauvreté et la misère rendent encore plus vulnérable. Le rappel historique de l'auteur permet de mesurer toute l'étendue du drame que vécurent les Tunisiens au siècle dernier. Qu'en est-il aujourd'hui ? Pour le Pr. Bouzouaia, aujourd'hui « le problème majeur reste celui de la détection rapide de la maladie, en cas de son apparition après le retour des voyageurs, par une prise en charge thérapeutique adaptée en vue de parer au risque de survenue, de complications et de décès », et il ajoute que « l'importation des cas de paludisme de l'étranger est une réalité à intégrer de plus en plus dans la stratégie de lutte antipaludique et devenir l'un de ces axes pivots ». Le Pr. Bouzouaia se veut-il alarmiste ? Certainement pas. Il se veut plutôt opérationnel dans ce guide pratique. Et ce n'est nullement par hasard qu'il précise que «l'objectif majeur devra rester dans celui de minimiser le nombre des cas importés» appelant dans ce contexte à la décentralisation « des structures en charge du conseil des voyageurs de manière bien étudiée » et «leur renforcement en mettant à leur disposition les moyens à même de leur permettre d'assumer leur rôle efficacement ». Préfacé par le Pr. Ahmed Zribi, ce livre qui se rapproche par son format (21x29 cm) beaucoup plus du manuel universitaire que du livre scientifique, comprend une très riche bibliographie, témoin s'il en faut, de l'érudition scientifique, si on peut s'exprimer ainsi, de son auteur. Il aurait gagné en utilité si son format avait été mieux étudié par l'éditeur sans compter que l'absence de la date d'édition ainsi que du numéro ISBN donné par la Bibliothèque Nationale sont deux lacunes de taille. Tiré en peu d'exemplaires (1000 seulement), nous sommes en droit d'espérer qu'à sa prochaine réédition, ces lacunes seront comblées. Mohamed BERGAOUI *Pr. Noureddine Bouzouaia.- Le Paludisme en Tunisie, Guide technique de la prise en charge et de la lutte. Edition de l'OMS.- organisation Mondiale de la Santé – 167 p.- Tunis (décembre 2010)