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« Toutes ces décisions me rendent encore plus fier d'être un enfant de la Tunisie » Le Pr David Khayat, cancérologue de renommée internationale, dans une interview à La Presse
…nous déclare le médecin et chercheur à propos de la consécration par le Président Ben Ali de l'année en cours «année nationale de lutte contre le cancer» et à propos de la création par Mme Leïla Ben Ali, épouse du Chef de l'Etat, de l'Association «Saïda» de lutte contre le cancer et de son projet d'Institut Ezzahraoui de prise en charge globale des patients Grâce à ses trente ans de recherche et de lutte contre le cancer, ses deux doctorats, le premier en médecine, le second en sciences biologiques et son… «intelligence pédagogique», le Pr David Khayat est devenu la référence dans le domaine de la cancérologie et de la communication pour la prévention de ladite maladie. Auteur de plusieurs dizaines d'articles scientifiques et de quelques ouvrages de spécialité, il vient de publier chez Odile Jacob un livre qu'il consacre à un sujet d'importance capitale : l'alimentation et sa relation avec le cancer. Le vrai régime anticancer est le titre de cet ouvrage qui s'étale sur plus de 320 pages rédigé avec la collaboration de Nathalie Hutter-Lardeau et France Carp. Un best-seller avec 150.000 exemplaires écoulés depuis sa parution en France en mai dernier. Le Pr Khayat est actuellement chef du service de cancérologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière et professeur à l'Université Pierre-et-Marie-Curie. Né à Sfax, il rentre régulièrement en Tunisie, «mon pays», dit-il, pour s'y ressourcer. Nous l'avons rencontré hier avant-midi. Interview. Pr David Khayat, vous qui êtes une sommité mondiale en cancérologie, pourriez-vous nous dire si l'humanité pourrait un jour vaincre le cancer ? Je suis persuadé qu'un jour, le cancer disparaîtra de la surface de la terre. Pour une raison simple : rien ne peut résister à l'intelligence humaine dès lors que les hommes mettent en commun leurs savoirs, leurs énergies et leur engagement. Un jour ou l'autre, on vaincra le cancer. Ce ne sera pas pour demain, parce que malheureusement, le nombre de cas de cancer est en train d'augmenter; il double tous les 20 ans et nous confronte à une véritable épidémie. Ce n'est pas facile de lutter contre ce véritable fléau qui menace l'humanité. Il faut savoir que d'après l'OMS, il y aura en 2020 près de 20 millions de nouveaux cas dans le monde et 10 millions de morts. Pour dire les choses d'une manière plus simple, le cancer tue à lui seul plus que le sida, la tuberculose et la malaria réunis. Donc, je suis optimiste tout en restant réaliste. C'est pour cela sans doute que vous avez écrit votre livre. Vous avez voulu certainement armer le grand public pour mieux lutter contre ce fléau… Armer, c'est le mot. Comme vous le savez, la meilleure façon de lutter contre le cancer, c'est de l'éviter. Cela s'appelle la prévention et pour y arriver, il faut connaître les causes de la maladie, alors il y a le tabac, les hormones, l'alimentation, certaines maladies infectieuses, la génétique, les facteurs physiques, etc. Donc, pour éviter le cancer, il ne faut pas fumer, car 30% des cas sont dus au tabac, pour les hormones on ne peut malheureusement pas grand-chose et celles-ci sont à l'origine de 30% des cas. L'alimentation, elle, entre dans 20% des cas comme facteur de risque. Il s'agit donc de réduire ce risque, d'où la publication de mon livre qui se réfère à une centaine d'études réalisées auprès des hommes et dont le but était d'essayer de comprendre les liens existant entre alimentation et cancer et de là, essayer de modifier la manière de s'alimenter de façon à réduire son risque de cancer. Ce livre est donc la synthèse de toutes ces études, toutes ces informations, expliquées en langage clair et simple pour que chacun puisse participer à sa propre prévention. Pouvez-vous nous dire davantage à propos de son contenu ? Il s'adresse au grand public pour leur dire que tel aliment augmente le risque de cancer ou le diminue, tel mode de cuisson augmente le risque ou le diminue… telle origine de produit aussi, exemple la viande selon qu'elle soit d'origine française ou américaine, les aliments, qu'ils soient cuits dans une cocotte ou dans un wok. Ce dernier, qui est un ustensile d'origine chinoise, fait que les aliments dans lequel ils sont cuits deviennent plus cancérigènes. Le produit lui-même… Tenez, le jus de grenade par exemple qui est très anticancer notamment chez l'homme exposé de par son genre au cancer de la prostate, ou le curcuma que l'on utilise beaucoup en Tunisie ou bien les câpres ou encore les pistaches qui sont tous de très bons aliments anticancer. Par contre, le saumon, l'espadon, le thon rouge, pas celui en boîte, les charcuteries industrielles, la vitamine E comme complément ou la vitamine A chez les fumeurs sont, eux, très cancérigènes. Mais attention, on ne doit pas croire qu'un seul régime puisse avoir les mêmes effets sur deux personnes dans ce monde. On voit bien par exemple que l'on n'est pas tous égaux face aux risques du cancer et l'on ne digère pas tous de la même manière les aliments. Il y a ceux qui tolèrent le piquant, ceux qui ne tolèrent pas le lait, etc. Même chose avec le poids, il y a ceux qui prennent du poids, d'autres non. Donc, on n'est pas égaux face aux risques, pas égaux face à la nourriture; pourquoi veut-on alors que l'on pense que l'on soit égaux face aux risques de cancer liés à la nourriture ? Et dans mon livre, je donne des conseils nutritionnels qui sont différents chez l'homme selon qu'il soit fumeur ou non, chez la femme avant ou après la ménopause… Il n'y a pas un régime, mais plusieurs régimes. Votre ouvrage n'est donc pas un titre de plus qui parle de régimes et de prévention, mais un livre qui tente d'apporter un plus aux lecteurs ? En titrant le «vrai régime», vous avez sans doute voulu dire qu'il existe de «faux régimes» ? Il y a beaucoup de mythes et de fausses informations qui circulent et qui sont censés expliquer les risques liés au cancer. La plupart de ces informations sont fausses, car jamais prouvées chez l'Homme et si ce livre s'appelle Le vrai régime anticancer, c'est parce qu'il ne tient compte que des études faites chez l'Homme et qui sont basées sur des travaux scientifiques sérieux. «Anticancer» laisse entendre aider à vaincre le cancer. Est-ce que vous parlez dans votre livre des régimes pour personnes luttant contre un cancer ? Les conseils peuvent servir pour ceux qui ont le cancer afin de diminuer le risque de rechute. Mais c'est avant tout un livre de prévention pour ceux qui se portent bien, notamment les enfants, pour lesquels tout peut être possible. Vous étiez responsable du plan cancer français pendant de longues années. Comment jugez-vous la riposte tunisienne à ce fléau ? La consécration par le Président Ben Ali de l'année 2010 «Année nationale de lutte contre le cancer» est une décision politique d'une portée très significative en faveur du peuple tunisien, ce qui ne peut que renforcer l'estime qu'a le Président auprès de ses concitoyens. Mme Leïla Ben Ali, épouse du Chef de l'Etat, vient de créer une association de lutte contre le cancer et de lancer l'initiative de création de l'Institut Ezzahraoui de recherche, de dépistage et de soins poussés dans le domaine de la cancérologie. Qu'en pensez-vous ? Magnifique ! C'est une initiative chargée d'humanité, de bon sens et elle correspond à un engagement concret en faveur de ceux qui souffrent, ce qui est très important. Toutes ces décisions du couple présidentiel me rendent encore plus fier d'être un enfant de la Tunisie.