*Mais l'infrastructure s'y prête-t-elle ? Les Tunisiens à part quelques régions, Sfax, le Sahel...sont-ils, « culturellement » et « socialement », prêts à pédaler en dehors que pour le plaisir ? D'ailleurs, il y a quelques décades, la ville de Sfax, deuxième grande ville de la Tunisie, après la capitale Tunis, occupait le deuxième rang mondial en matière d'utilisation des bicyclettes par tête d'habitant, devancée par la seule ville d'Amsterdam, en Hollande. Aujourd'hui, la bicyclette essaie de reconquérir le marché
Aujourd'hui, la bicyclette ou vélo dont le nom tiré de vélocité a, pourtant, le sens de rapide, a déserté les rues de Sfax, envahies par les motocyclettes et les voitures, alors que la ville hollandaise d'Amsterdam continue d'être la capitale mondiale des bicyclettes. Interrogés, les commerçants spécialisés dans la vente de cet article, à Tunis, ont confirmé ce recul de la bicyclette. Quelques grands magasins ont des lots de bicyclettes invendues depuis des années, bien que la fourchette des prix de la bicyclette, sur le marché tunisien, soit descendue au plancher de 100 dinars l'unité pour les catégories communes. Mais un bon vélo ordinaire coûte entre 200 dinars et 300 dinars. Par contre, les prix des motocyclettes ont grimpé, notablement, ces dernières années qui ont connu, également, la mise en vente sur le marché tunisien des scooters de tous types en grande quantité et à des prix élevés pour satisfaire une demande en pleine expansion. Un autre bouleversement de la situation est en perspective avec l'ouverture prochaine du marché tunisien aux motos de grosses cylindrées. Mieux avisé, un jeune commerçant, du côté de l'avenue de Madrid où sont concentrés plusieurs revendeurs et fournisseurs de bicyclettes et de motocyclettes, explique ce recul du vélo par l'attachement des tunisiens à l'apparat et aux signes extérieurs. '' Ainsi, nous a-t-il dit, là où un Européen de quelque milieu que ce soit, ne voit aucun inconvénient à se déplacer à bicyclette, le Tunisien est gêné et embarrassé de le faire, car il risque d'être, ainsi, déconsidéré aux yeux des autres...''
La demande est, toujours, en vigueur Mais, il ajoute que les Tunisiens continuent d'acquérir des bicyclettes pour divers motifs, notamment pour les offrir comme cadeaux à leurs jeunes enfants à l'occasion de leur réussite aux examens scolaires. Il se rappelle qu'avant la suppression du concours d'entrée en première année de l'enseignement secondaire, les parents récompensent, souvent, leurs enfants admis en leur achetant des bicyclettes, d'autant qu'ils atteignent alors l'âge idéal pour l'utilisation du vélo. La demande existe, donc, toujours et se chiffre à quelques milliers de bicyclettes, par an, mais de son côté, l'offre est marquée par la multiplication des fournisseurs et des revendeurs, ce qui a engendré une concurrence parfois préjudiciable à ceux qui ont préféré s'attacher aux articles de qualité. En effet, les produits proposés sont très variés et il en existe des produits qui relèvent de la camelote. Ce problème de la qualité se rencontre, aussi, au niveau des scooters qui sont en permanence des sujets de plainte, tellement ils se dégradent facilement, au bout de quelques temps d'utilisation. C'est alors la course aux réparations et à l'achat des pièces de rechange à telle enseigne qu'avec l'assurance et les accessoires obligatoires, comme le casque, les motocyclettes et les scooters deviennent de véritables charges financières au même titre que les voitures. Or, beaucoup de Tunisiens commencent à redécouvrir aussi bien les anciens mérites de la bicyclette comme moyen de locomotion et de déplacement à des fins utilitaires, que ces nouvelles vocations comme moyen idoine pour la pratique du sport et l'entretien de la forme.
Actions de promotion et d'encouragement est vrai que les randonnées à bicyclette en dehors des villes, à travers les bois et la campagne en général, en vogue en Europe, ne se sont pas, encore, très développées, sous nos cieux, mais il suffit de quelques actions de promotion bien ciblées et pointues pour enclencher le mouvement. Or, comme l'a fait remarquer un autre jeune commerçant, la bicyclette possède, au moins, l'avantage de ne pas occasionner de lourdes charges financières comme les voitures et les motocyclettes et qui vont en augmentant avec l'envolée des prix du carburant, outre que la bicyclette n'est pas polluante. Cependant, bien que certains grands constructeurs européens de voiture et de deux roues aient abandonné la fabrication des bicyclettes, des efforts soutenus sont fournis par les ingénieurs pour perfectionner la bicyclette et en améliorer le rendement et le confort, comme son équipement par un petit moteur électrique destiné à assister l'usager, en cas de besoin. Aussi, tout le monde est d'avis qu'il y a beaucoup à gagner, en aidant la bicyclette à reconquérir son trône. A cet égard, les spécialistes de la circulation routière attirent l'attention sur la nécessité d'assurer les conditions propices, dans ce domaine, pour promouvoir l'utilisation de la bicyclette sur les routes tunisiennes, comme l'aménagement de couloirs indépendants, là où il faut et la sensibilisation au respect des règlements de la part de tous les usagers.