En cette période délicate une page nouvelle de l'histoire de la Tunisie est en train de s'écrire au fil des jours. C'est la raison pour laquelle il faut se garder de certains discours qui au nom de la révolution font des dérapages et des débordements, en s'en prenant à tout le monde aveuglement et sans faire aucunement la part des choses. Certes, on est soulagé d'avoir enfin accédé à la liberté d'expression et la transparence de l'information sans fards ni masques . Hélas il ya ceux qui en profitent pour faire de la surenchère sur certains évènements en déformant certaines informations, de sorte occulter la vérité et tromper l'opinion publique. Ceux qui naguère préconisaient la politique de la langue de bois ont subitement changé d'attitude, pour finalement continuer à pratiquer une langue de bois à rebours si j'ose dire. Cela démontre qu'ils sont incapables de se débarrasser d'une mentalité dont a souffert le pays depuis des lustres. Etant garçon, j'ai vécu la période du colonialisme, où le Bey, était manipulé par les occupants. A cette époque l'information était évidemment censurée et la liberté d'expression était étouffée. Je me rappelle que la photo du Bey paraissait toujours à la une de tous les journaux. A l'avènement de l'indépendance, c'est la photo de Bourguiba qui a remplacé celle du Bey, à la une de ces mêmes journaux. L'Etat anti démocratique à la base a pratiqué toutes les formes de censure pour fermer la porte à toute liberté d'expression. Cela a continué durant la période du président déchu, pour aller en s'accentuant. Ce qui a créé finalement une phobie chez la plupart des citoyens toutes tendances confondues et a nourri la mentalité consistant à occulter la vérité et à ne donner que l'information conforme au bon vouloir de l'Etat en place. Mais à l'avènement de l'ancien dictateur, les langues se sont déliées, mais contre Bourguiba et certains de se hommes. Certains ont même été manipulés dans ce sens par le président déchu et ses adeptes. Avec au départ une mascarade consistant à annoncer la démocratie et la liberté d'expression, sans « marginalisation ni exclusion ». Dans tous les journaux ces mots revenaient comme un leitmotiv, mais c'était dans le but d'ancrer davantage cette mentalité d'allégeance au chef du pouvoir et mieux ancrer le culte de la personne qui a commencé sous le régime antérieur et a conduit le pays au bord du précipice. Avec le régime du président déchu, cette mentalité des préjugés et de l'inquisition, pour travailler certains intérêts a été de plus en plus nourrie par ceux qui voulaient qu'une situation dont certains clans tiraient profit sur le dos du citoyen, pût durer Ad vitam Aeternam. Cela a nui à la liberté de l'information et a même créé une certaine une autocensure empêchant n'importe quel agent d'information, écrite soit-elle ou audiovisuelle, d'être efficace et donner l'information complète et au fur et à mesure de l'évènement quel qu'il soit. A cette ère nouvelle où la liberté a été le mobile qui a incité Bouazizi et des centaines de jeunes à payer de leurs vies, il importe qu'à l'occasion de l'information de la révolution on puisse faire la révolution de l'information. Celle-ci ne peut être gagnée que par le changement des mentalités, en cessant de pratiquer des méthodes inquisitoires à l'égard de tous ceux qui ont été empêché de parler ou de clamer leurs vraies opinions, sous le régime du dictateur déchu. C'est un régime révolu, et c'est une nouvelle page de l'histoire de la Tunisie qu'on doit entamer à l'unisson dans la concorde et la sérénité, avec une nouvelle mentalité qui fait table rase de toutes les tares et les lacunes du passé.